Gautier Simounet : un guide qui n'a d'yeux que pour elle !

Gautier Simounet est le guide d'Assia El Hannouni, déficiente visuelle, sur le 100 m et 200 m. Un espoir de médailles aux Jeux de Londres pour ce binôme à quatre jambes qui bat d'un même pouls. Car, être guide, c'est bien plus qu'être " lièvre ".

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Handicap.fr : Qu'est-ce qui vous a amené à devenir guide pour les athlètes déficients visuels ?
Gautier Simounet
: Je travaillais au sein de la Fédération française handisport, en charge de l'évènementiel et des jeunes. J'avais un parcours de sportif en valide et j'étais donc en mesure d'aider ces jeunes handicapés à courir. Avec le temps, j'ai intégré l'équipe de France Elite, c'est-à-dire celle des seniors. Et puis, trois mois avant les Jeux de Pékin, en 2008, l'entraîneur d'Assia El Hannouni m'a demandé de la guider sur le 200 mètres. C'est là que notre histoire olympique a commencé. Et plutôt bien puisque nous avons remporté la victoire sur le 200 m devant 80 000 spectateurs. Il y a ensuite eu l'or lors des mondiaux de 2011.

H.fr
: Courrez-vous toujours avec Assia ?
GS
: Oui, depuis un an, depuis les championnats du monde 2011. Mais, auparavant, je pouvais guider plusieurs athlètes. C'était le cas à Pékin où j'en ai accompagné cinq sur neuf courses.

H.fr
: Assia choisit de courir sans guide sur le 400 m. Comment fait-elle pour se repérer ?
GS
: Elle n'est pas aveugle mais malvoyante. Elle n'a besoin de moi que sur le 100 et le 200 mètres car c'est très rapide et elle a alors du mal à appréhender les lignes. Sur le 400, elle est en mesure de se débrouiller toute seule.

H.fr
: Courrez-vous plus vite que les athlètes que vous guidez ?
GS
: Oui, heureusement. J'ai un palmarès aussi en compétition valide, niveau championnat de France, notamment en sprint sur le 200 mètres et en saut en longueur (7.11m). Le guide doit, de toute façon, devancer légèrement l'athlète, au maximum de 50 cm. J'apporte à Assia une fréquence de bras supérieure et une amplitude de foulée plus grande.

H.fr
: N'avez-vous pas l'impression de vivre dans l'ombre de l'athlète handisport ?
GS
: Oui, peut-être, en tout cas autrefois. Evidemment, parce que nous ne sommes que trois valides dans une équipe de 160 athlètes handisport, nous sommes un peu en retrait. Mais les choses évoluent et nous avons désormais un statut de haut niveau à part entière, soumis aux mêmes règles, et notamment aux contrôles antidopage. A Pékin, certains guides sont restés au pied du podium mais, à Londres, nous y avons pleinement notre place, et recevons même une médaille. Nous ne sommes plus seulement des escortes ou de simples « lièvres ».

H.fr
: Vous dites, « Nous ne sommes pas que des guides sur la piste mais également dans la vie ». De quelle manière vous impliquez-vous ?
GS
: Pas question de laisser tomber nos athlètes lorsque nous sommes hors de la piste. Nous les aidons au self, pour prendre l'ascenseur, à s'orienter dans le village olympique... Plus par amitié que par obligation. Ça parait normal de leur donner un coup de main, d'autant qu'ils finissent par nous faire totalement confiance.

H.fr
: Vous êtes l'un des dix sportifs de haut niveau employés depuis 1982 par la RATP. Votre convention d'insertion professionnelle vous permet-elle de vous entraîner comme vous le souhaitez ?
GS
: Chaque sportif est affecté à un département de la RATP. Il bénéficie d'un aménagement de son temps de travail pour s'entraîner et participer aux compétitions. Notre employeur nous aide, par ailleurs, à envisager notre reconversion professionnelle. Alors, tous les matins, je rejoins l'INSEP (Institut national du sport), de 10 à 12h, pour m'échauffer. Ensuite, je vais travailler de 12h30 à 16h30, en tant qu'agent de maîtrise sur la ligne A du RER. Puis je repars à l'entraînement de 17 à 19h. Un jour par semaine, je m'entraîne en binôme avec Assia.

H.fr
: Vous prétendez que Rio 2016 sera votre dernière échéance en tant que guide ?
GS
: Oui, certainement. Assia a décidé d'arrêter la compétition après Londres. Peut-être irai-je aux championnats du monde d'athlétisme en 2013 pour guider d'autres athlètes... Rio me parait une date limite raisonnable. J'ai 29 ans...

H.fr
: Quel est votre prochain rendez-vous sur la piste du stade olympique de Londres ?
GS
: Jeudi 6 septembre, pour le 200m. Nous avons les séries le matin à partir de 13h30 (heure française) puis la finale à 20h15. Un grand moment puisque ce sera ma dernière course avec Assia...

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