La myopathie de Duchenne est une maladie génétique causée par la déficience d'un gène qui bloque la fabrication de la dystrophine, une protéine indispensable au fonctionnement des muscles. C'est la plus fréquente des maladies neuro-musculaires de l'enfant. Elle concerne environ une naissance sur 3 500 et touche quasi exclusivement les garçons, dont l'espérance de vie ne dépasse pas en moyenne les 30 ans.
Dégénérescence musculaire stoppée
Des chercheurs de laboratoire de thérapie génique de Nantes ont injecté un «gène médicament» dans une des pattes avant de 18 chiens atteints de la maladie de Duchenne. « Au bout de trois mois et demi, des tests ont montré que la dégénérescence musculaire était stoppée dans la patte traitée », indique Caroline Le Guiner, la chercheuse qui a coordonné l'essai, publié dans la revue médicale Molecular Therapy. Elle ajoute que chez les chiens ayant reçu la dose la plus importante, 80% des fibres musculaires ont été corrigées au point d'exprimer la nouvelle dystrophine, « alors que 40% suffisent pour améliorer la force musculaire ».
Sur la bonne voie
« C'est un résultat très positif et très encourageant, cela montre que nous sommes sur la bonne voie » a commenté Laurence Tiénnot-Herment, la présidente de l'Association française contre les myopathies (AFM) qui organise chaque année le Téléthon. Les fonds récoltés ont notamment permis de financer les travaux de recherche menés par l'Institut nantais en collaboration avec l'Institut de Myologie de Paris et le laboratoire Généthon, le laboratoire de l'AFM-Téléthon. L'équipe de Nantes a utilisé la technique du «saut d'exon» qui consiste à court-circuiter les aberrations du code génétique pour obtenir un message raccourci mais cohérent de façon à rétablir partiellement la production de la protéine déficiente. Les exons sont des fragments qui codent le gène.
Une seule injection
La technique est expérimentée pour d'autres maladies génétiques. Des essais cliniques sont en cours aux Pays-Bas et aux États-Unis sur des enfants atteints d'une mutation spécifique (exon 51) de la maladie de Duchenne. Ils consistent à injecter chaque semaine des médicaments permettant de faire «le saut d'exon» alors que la technique de thérapie génique utilisée à Nantes (un vecteur viral, utilisé comme un cheval de Troie pour amener le médicament au bon endroit) ne nécessite qu'une seule injection « une fois pour toutes », précise Mme Le Guiner.
Des essais cliniques chez l'homme fin 2015 ?
Des discussions sont en cours avec les agences réglementaires pour débuter les premiers essais chez l'homme fin 2015-2016, ajoute-t-elle. Mais « pour des raisons de sécurité » ces essais ne porteront dans un premier temps, selon la chercheuse, que sur un seul bras et sur les malades porteurs de la mutation (exon 53) qui concerne environ 10% des cas de myopathies de Duchenne. Il s'agit pour elle « d'une étape importante franchie » qui devrait déboucher à terme sur la correction d'autres exons et sur le traitement du corps entier.