Par Vanessa Carronnier
"Allez les Bleus !" Aux Global Games, les exploits des athlètes français avec un handicap intellectuel suscitent l'enthousiasme de spectateurs eux aussi handicapés, venus les encourager et aussi peut-être attraper à leur tour le virus du sport.
Participants autistes : une 1ère !
Cette compétition internationale majeure, organisée par la Fédération française du sport adapté (FFSA), qui réunit tous les quatre ans des sportifs de haut niveau ayant un handicap mental, se tient pour la première fois en France, à Vichy (Allier), du 4 au 10 juin 2023. Cette année, les participants sont répartis en trois catégories. La première correspond aux sportifs présentant une déficience intellectuelle, la deuxième à ceux qui présentent une déficience intellectuelle associée à un handicap physique ou sensoriel. La troisième, intégrée pour la première fois à la compétition, concerne les personnes autistes, déficientes intellectuelles ou non.
Possibilité de concourir dans 13 disciplines
Sylvain, 33 ans, chante l'hymne national la main sur le cœur. Il fait partie d'un groupe d'une trentaine de jeunes adultes handicapés, qui ont fait le déplacement depuis Metz (Moselle), et se dit ravi de soutenir l'équipe de France féminine de basket adapté, face à celle du Japon. "Je voulais leur faire découvrir différents sports, leur montrer qu'il y a des athlètes de haut niveau qui se battent comme des lions, même avec leurs différences", explique à l'AFP Renato Castellani, coach de judo adapté, qui accompagne ce groupe. "Ce sont les jeux les plus importants à nos yeux." Aviron, cyclisme, taekwondo... Ces athlètes s'affrontent dans treize disciplines officielles, alors qu' ils ne peuvent concourir que dans trois aux Jeux paralympiques (athlétisme, natation et tennis de table).
Jeux paralympiques : "manque de visibilité du sport adapté"
Alexandrine, 25 ans, apprécie le haut niveau de jeu : "J'aime regarder les sportifs qui jouent bien et les encourager", témoigne-t-elle auprès de l'AFP, un petit drapeau bleu-blanc-rouge à la main. Les passes s'enchaînent, les paniers aussi, sous les cris et les chants de la centaine de spectateurs, essentiellement français. Mais le Japon mène et creuse l'écart au fur et à mesure que les minutes passent. "C'est impressionnant, dommage pour la France, mais c'est ça le sport", commente Yannick Hirspieler, 43 ans, après le coup de sifflet final, synonyme de défaite française. "C'est sympa de pouvoir découvrir tous ces sports", ajoute ce pratiquant de judo, avec autisme. Il regrette le manque de visibilité du sport adapté, en particulier du judo, exclu des Jeux paralympiques, une situation "injuste" qu'il espère voir évoluer.
Une compétition inspirante
Assister aux compétitions a donné envie à Eva "de faire encore plus de sport adapté, peut-être du basket". Après le match France-Japon, la jeune femme de 26 ans est descendue sur le terrain avec deux camarades pour tenter de mettre quelques paniers. Pour l'heure, elle pratique notamment la course à pied et se réjouit d'assister aussi à des épreuves d'athlétisme : "Ça m'intéresse de voir comment font les autres", explique-t-elle. Venir aux Global Games est "une très bonne expérience" pour ces jeunes adultes, même si certaines sessions de jeu sont "un peu longues pour eux parfois", estime Delphine Weiczek, accompagnante éducatif et social, qui suit le groupe de Moselle pendant son séjour à Vichy. "Cela leur permet de rencontrer de nouvelles personnes, créer du lien social et voir qu'être handicapé n'empêche pas de faire des choses", notamment du sport, relève-t-elle auprès de l'AFP.
3 000 clubs sportifs plus "para accueillants"
La FFSA compte quelque 60 000 licenciés, en situation de handicap mental ou psychique, qui pratiquent un sport en loisir ou en compétition, au sein de 1 300 clubs sportifs. "Les Global Games, c'est l'opportunité de donner de la visibilité au sport adapté, d'aider des familles à oser emmener leur enfant pratiquer une activité sportive", relève auprès de l'AFP Marc Truffaut, président de la FFSA. "Le maillage territorial et le panel de sports disponibles, nous permettent de proposer une activité adaptée à chacun", ajoute-t-il. Pour renforcer le nombre d'options disponibles, le Comité paralympique et sportif français (CPSF), soutenu par l'Etat, a pour objectif de former 3 000 clubs sportifs à l'accueil des pratiquants en situation de handicap (tous types confondus) d'ici à 2024.
© Twitter Geneviève Darrieussecq