Le Grand débat national, lancé le 15 janvier 2019 par Emmanuel Macron, entend donner la parole aux Français face à une colère qui peine à s'apaiser. Durant deux mois, ils sont invités à exprimer leurs attentes sur le site dédié grandebat.fr qui doit ouvrir le 21 janvier (en lien ci-dessous), dans des cahiers de doléances disponibles dans certaines mairies ou à l'occasion de débats publics organisés partout en France (article en lien ci-dessous pour en savoir plus sur la méthodologie).
Questions de handicap et précarité ?
Une opportunité pour faire entendre les revendications des 12 millions de citoyens en situation de handicap ? « Oui », répond APF France handicap qui regrette néanmoins que deux thèmes, celui du handicap et de la grande précarité, soient absents de la lettre adressée aux Français par Emmanuel Macron le 13 janvier 2019. Pourtant, selon son Baromètre de la Confiance 2018 (Ifop, juin 2018), huit personnes en situation de handicap sur dix déclarent s'en sortir difficilement avec les ressources de leur foyer. Dans ce contexte, l'association « encourage toutes les personnes en situation de handicap et leurs proches à prendre la parole massivement ». Même credo du côté de Sophie Cluzel. « Les thèmes ne sont pas catégoriels, explique la secrétaire d'Etat au Handicap, mais le handicap les traverse tous. Comme on l'a vu lors du lancement de ce Grand débat par Emmanuel Macron, il y a eu beaucoup de questions sur le handicap, et le Président a fait une réponse très circonstanciée sur la société inclusive, la place des enfants handicapés à l'école, la compensation... C'est un sujet qui ressort de façon importante. C'est cela qui va être intéressant. »
Des débats accessibles ?
Pour permettre cette expression collective, encore faut-il que le site et les espaces de débats soient accessibles aux personnes handicapées, question déjà soulevée par Mathieu Annereau, président de l'APHPP (Association pour la prise en compte du handicap dans les politiques publiques et privées). « Toute la cellule qui travaille sur cette plateforme a été sensibilisée à l'accessibilité », répond la ministre, qui assure maintenir la « vigilance » sur cette question. Quant aux débats en régions, il en va, selon elle, de la « responsabilité des maires » qui ont été « alertés ». Ils seront organisés en lien avec, notamment, des associations de personnes handicapées. Sophie Cluzel dit « mobiliser celles réunies au sein du CNCPH (Conseil national consultatif des personnes handicapées) » pour qu'elles « activent tout leur réseau et soient pro-actives dans l'organisation de débats » et s'entretiendra avec leur Comité d'entente à ce sujet le 24 janvier. Nous faisons « feu de tout bois auprès des organisateurs », ajoute-t-elle.
Rencontre avec une Gilets jaunes
Le secrétariat d'Etat au Handicap dit avoir déjà reçu « énormément de propositions », ainsi qu'une délégation de personnes handicapées avec Jacline Mouraud, une Bretonne érigée en figure des Gilets jaunes, qui a « porté des propositions et des demandes très précises pour l'amélioration du quotidien ». « Et même s'il y a des revendications un peu spécifiques et catégorielles, j'espère avoir leur avis sur tous les sujets de société et les 30 questions qui sont portées à débat », conclut la ministre. De son côté, APF France handicap espère que « ces conclusions pèseront sur les décisions politiques, et notamment sur celles de la Conférence nationale du handicap qui seront présentées par le président de la République en juin 2019 » (article en lien ci-dessous). Quant à l'APHPP, apportant sa pierre à l'édifice, elle a remis le 18 janvier à Sophie Cluzel son livre blanc, qui comporte de nombreuses pistes : accessibilité du scrutin, de la campagne électorale, représentativité des personnes handicapées aux élections. Et pourquoi pas le changement de l'intitulé du secrétariat d'Etat, refusant désormais de parler de « charge ».
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