Grande cause régionale handicap: "Nos actions, du concret !"

En Auvergne-Rhône-Alpes, depuis 2017, fil rouge sur le handicap via la grande cause régionale. Pour cette 6e édition, c'est la trisomie 21 qui est à l'honneur. Mais, au-delà des promesses politiques, quel impact réel pour ses habitants ? Réponses...

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Sandrine Chaix avec un groupe de sportifs lors des Virtus games en 2023

Rendez-vous aux Rencontres de la grande cause régionale en Auvergne-Rhône-Alpes, le 25 mai 2024 (9 à 17h) à l'hôtel de Région de Lyon, avec un focus sur la déficience visuelle et la trisomie 21 (inscription en ligne). Mais on s'est posé la question : une grande cause régionale, en vrai, ça sert à quoi ? Réponses de Sandrine Chaix, vice- présidente déléguée à l'action sociale, au handicap et aux violences faites aux femmes.

Handicap.fr : On connait les grandes causes nationales, mais les « régionales » (GCR), ça ressemble à quoi ?
Sandrine Chaix : C'est un sujet lié au handicap que l'on va travailler durant toute une année, en faisant de la communication, en donnant de la visibilité, en rencontrant les personnes concernées, les pro et les aidants avec toujours une approche positive, avec l'objectif d'apporter des réponses pertinentes.

H.fr : Concrètement, ça se passe comment ?
SC : On réunit tous les acteurs pour recueillir des initiatives inspirantes ou innovations technologiques qui restent trop souvent confidentielles. Il y a un vrai besoin de communication, à la fois grand public et dans la communauté concernée, et même au sein de nos services avec l'idée d'être vertueux en tant qu'employeur, par exemple en proposant des tests d'audition à nos agents à l'occasion de la grande cause Audition et surdité de 2022. L'idée, c'est vraiment de tirer toutes les ficelles sur chaque thématique. Et, pour cela, je passe beaucoup de temps sur le terrain. Nos actions, c'est du concret !

H.fr : Cette grande cause est uniquement focus sur le handicap ?
SC : Oui, depuis 2017. Mais on change de thème chaque année, en mai. Il y a eu : les dys, sport et handicap, accidentés de la vie, enfance et handicap, audition et surdité, déficience visuelle en 2023 et trisomie 21 en 2024.

H.fr : Pas de places, donc, pour d'autres causes importantes comme les violences faites aux femmes ?
SC : C'est un sujet qui est évidemment pris en compte au quotidien, pour lequel j'ai d'ailleurs une délégation, mais pas dans le cadre d'une grande cause spécifique.

H.fr : Pour chaque thème, c'est une année tout pile ?
SC : Non, on peut être à cheval sur deux années. Lorsqu'on attaque un nouveau sujet, on ne laisse pas pour autant tomber le précédent car, en un an, on n'a pas toujours le temps de finaliser les projets.

H.fr : Il y a un effet de traîne d'une année sur l'autre mais votre budget n'est pas extensible...
SC : L'idée de la grande cause, c'est d'amorcer les choses, de concrétiser des projets, mais il faut ensuite que le droit commun, les collectivités, les entreprises… tous ceux qui sont concernés, prennent le relais.

H.fr : Un exemple pour bien comprendre ?
SC : Dans le cadre de la grande cause enfance et handicap, nous avons lancé un plan d'aide aux communes pour installer des aires de jeux inclusives (tourniquet adapté aux fauteuils, balançoires adaptées, jeux avec lettres en braille...) via un forfait de 15 000 euros pour chacune. Aujourd'hui, 130 ont été financées et une centaine restent à venir. On fermera ce dispositif lorsqu'on les communes seront suffisamment acculturées et que cette « option » deviendra automatique. Ce fut également le cas pour l'habitat partagé dont tous se saisissent aujourd'hui. L'idée, c'est vraiment de donner l'élan, de combler les trous dans la raquette mais charge ensuite aux départements, à l'ARS (agence régionale de santé) s'ils le souhaitent, de prendre le relais. On a choisi de s'investir sur cette thématique du handicap mais, en réalité, on n'en a pas la compétence institutionnelle ; pour autant, cela nous concerne tous.

H.fr : Quel est le budget global d'une grande cause annuelle ?
SC : On n'a pas vraiment une ligne de budget "grande cause" définie. On met l'argent qu'il faut selon la pertinence des projets. Mais il faut que j'explique le mode de fonctionnement... Notre "mission handicap" dispose de cinq millions d'euros par an, ce qui est assez énorme. Elle emploie sept salariés à plein temps qui travaillent avec le référent handicap dans chaque direction (environnement, sport, culture, tourisme...) pour que le handicap soit pris en compte dans toutes les politiques de droit commun, une volonté de notre président, Laurent Wauquiez. Après huit ans de collaboration, mes collègues ont maintenant le réflexe. On dit de moi que je suis "attachiante" mais je lutte pour qu'on n'oublie pas cet enjeu qui, il ne faut pas se mentir, est souvent la dernière roue du carrosse. Donc les actions inclusives portées par les uns et les autres sont évidemment sur leur propre budget. Mais, quand mes collègues n'ont pas la case, je peux mobiliser les financements de la mission handicap, ce qui me permet de montrer que c'est possible et, dans leur budget d'après, de créer la bonne case. La grande cause, c'est vraiment un terrain expérimental !

H.fr : C'est un mode de fonctionnement inédit ?
Sc : Oui, il ne semble pas exister dans d'autres régions -à part en Ile-de-France mais ponctuellement (ndlr : le handicap était grande cause régionale en 2024)- parce qu'elles considéraient souvent que le handicap n'était pas dans leurs compétences, à quelques domaines près, mais les choses changent et elles se mobilisent de plus en plus sur le sujet. On est parti d'une feuille blanche, et c'est aussi forte de cette expérience que je représente l'Association des régions de France au Comité interministériel du handicap (CIH) et à la Conférence nationale du handicap (CNH).

H.fr : Au-delà des annonces, quel impact sur la vie des gens ?
SC : C'est très compliqué de faire une mesure précise car on est sur des champs très vastes, avec plein de petites choses qui changent la vie. On soutient par exemple Okeenea, qui, pour les personnes déficientes visuelles, installe des balises sonores dans l'espace public et à l'entrée de certains établissements. Non seulement la GCR a permis de les faire davantage connaître mais également de financer leur installation, par exemple dans les gares, des lycées. On envisage aussi de fournir les télécommandes via les associations. Autre exemple, le soutien à une autre start-up lyonnaise du nom d'Oorion qui commercialise une appli couplée à l'IA pour permettre aux personnes déficientes visuelles de scanner leur environnement pour repérer des objets du quotidien (clés, stylo, tasse...).

Nous nous sommes également engagés dans la modernisation des Esat, que nous considérons comme des maillons de la chaîne économique, et on a aidé 170 projets pour un budget de 21 millions d'euros. Notre impact social, il est dans toutes ces actions concrètes !

H.fr : En 2025, quel thème ?
SC : On ne sait pas encore. Nous avons par exemple choisi la trisomie 21 suite lors des Virtus global games qui ont eu lieu à l'été 2023 à Vichy, en allant sur place, bluffés par ces sportifs. Le choix se fait selon les rencontres et les occasions, et parfois nos coups de cœur !

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr.Toutes les informations reproduites sur cette page sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par Handicap.fr. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, sans accord. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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