Handi2day à l'Elysée. C'était le 11 décembre 2014, à l'occasion de la clôture de la Conférence nationale du handicap. Au milieu de cet aéropage d'associations, trois « civils » étaient invités à témoigner de leurs actions auprès des personnes handicapées lors de la dernière table ronde, en présence de François Hollande. Parmi eux, Tcherno Balde, co-organisateur de Handi2day. Une opportunité en or pour partager le succès de ce salon de recrutement en ligne né en 2010 à l'initiative de handicap.fr. Deux fois par an, en avril et octobre, il propose de mettre en relation, par téléphone et tchat, travailleurs handicapés en recherche d'emploi, entreprises recrutantes et partenaires. Plus de 30 000 entretiens depuis les débuts de cette aventure. Résultat : 30 % d'embauches.
Une « phobie administrative »
Lors de son intervention, face au Président, le jeune homme aux origines guinéennes ne manque pas d'aplomb. « En Guinée, si tu veux avoir de l'électricité, tu installes un groupe électrogène. Si tu veux avoir de l'eau, tu creuses un forage. Et la seule chose que tu demandes à l'Etat, c'est de ne pas te mettre trop de bâtons dans les roues. Et ce n'est pas gagné ! Cela donne conscience, en tant qu'acteur d'une société civile, de l'importance de l'initiative privée, et des responsabilités de chacun à « mettre en œuvre ».». Handi2day s'est donc inspiré de cette sage philosophie. « Les managers de Handicap.fr et moi-même sommes issus du privé, poursuit Tcherno, ce qui ne nous a pas empêché de mener à bien ce projet avec un vrai objectif sociétal qui, en plus, est rentable ! » A la question de François Hollande « Avez-vous bénéficié de subventions ? », Tcherno répond : « Non car j'ai une phobie administrative ! ». « Il y a des personnes plus douées que d'autres pour les démarches, confesse Tcherno, en off. Mais, surtout, pour notre équipe, créer une entreprise, c'est chercher des clients qui te payent pour le service que tu leur proposes. Nous n'avons pas le réflexe de nous faire aider. Peut-être à tort ! » Le Président agrée : « Il est important que vous puissiez prouver qu'une entreprise peut être performante avec des travailleurs handicapés. »
Du projet à la réussite
Quel souvenir de ce moment ? « C'était très touchant pour moi, l'étranger, de me retrouver là, dans le grand salon de l'Elysée, assis aux côtés d'un président ! A fortiori sur un sujet qui me tient à cœur. » A l'origine, on ne donnait pourtant pas cher de notre projet. Les sceptiques étaient légion, comme toujours lorsqu'il s'agit de dissuader les pionniers. « Cette invitation est une reconnaissance car ils étaient nombreux à nous dire que notre idée n'avait pas de sens. » Nicolas Bissardon, responsable commercial chez Handicap.fr, et Tcherno sont donc partis avec leur bâton de pèlerin, de zéro, pour convaincre… Aujourd'hui, Handi2day va bien, même plutôt très bien. Si bien qu'il commence à être imité. « C'est la rançon du succès, consent Tcherno, une preuve de sa légitimité. On n'a jamais vraiment réussi tant qu'on n'a pas été copié ! ». Handi2day recevait, en 2012, le prix « OCIRP, acteurs économiques et handicap ».
9ème édition en avril 2015
Le concept fait assez de bruit dans la sphère handicap pour parvenir aux oreilles du cabinet de Ségolène Neuville, secrétaire d'Etat en charge des personnes handicapées. Dans un premier temps, son ministère (ainsi que celui du Travail) accorde son haut patronage à l'évènement, puis lui ouvre les portes de l'Elysée. Le prochain Handi2day aura lieu en avril 2015. Ce sera sa 9ème édition. Et les initiateurs de ce projet de conclure : « Nous avons toujours été portés par l'envie de trouver des solutions aux problèmes ; et sommes convaincu que les personnes handicapées peuvent être une énorme source de créativité. »