« L'urgence est de protéger nos compatriotes les plus vulnérables (…) Je demande à toutes les personnes âgées de plus de 70 ans et à celles qui souffrent de maladies chroniques ou de troubles respiratoires, aux personnes en situation de handicap de rester autant que possible à leur domicile. Elles peuvent sortir pour s'aérer ou faire leurs courses mais doivent limiter au maximum les contacts », a déclaré Emmanuel Macron lors de son allocation télévisée le 12 mars 2020, à 20h. Dédiée à l'épidémie de coronavirus, elle a battu tous les records d'audience, rassemblant plus de 20 millions de Français devant leur poste. Saluons d'ailleurs la présence d'une interprète en LSF (langue des signes française) et la retranscription écrite par vélotypie.
Risque sur les maladies chroniques
En introduction, le chef de l'Etat a précisé : « Dans l'immense majorité des cas, le Covid-19 est sans danger, mais le virus peut avoir des conséquences très graves, en particulier pour celles et ceux de nos compatriotes qui sont âgés ou affectés par des maladies chroniques », citant le diabète, l'obésité ou le cancer. « Ce qui risque de se passer, c'est que la maladie touchera d'abord les personnes les plus vulnérables. Beaucoup d'entre eux auront besoin de soins adaptés, souvent d'assistance respiratoire. C'est pourquoi nous prenons des mesures très fortes pour augmenter massivement nos capacités d'accueil à l'hôpital car l'enjeu est de continuer aussi à soigner les autres maladies », a-t-il ajouté. Si plus de 12 millions d'élèves et d'étudiants doivent, à partir du 16 mars, déserter les salles de classe, si des mesures de confinement drastiques ont été prises pour les personnes âgées accueillies en Ehpad, qu'en est-il plus spécifiquement de certaines personnes handicapées ? Potentiellement menacé par les conséquences d'une contagion, ce public reste très peu évoqué, concrètement, dans les faits.
Des inquiétudes manifestes
Des nombreuses inquiétudes se font entendre, qu'il s'agisse aussi bien des établissements médico-sociaux que du soin à domicile. « A-t-on le droit d'aller voir nos proches dans leur institution ? », s'inquiète une famille. La pénurie de travailleurs va-t-elle impacter les services d'aide à domicile ? Dans ce domaine, la Fédération des prestataires de santé à domicile prend en charge deux millions de patients (à 80 % âgés) mais ses professionnels, pourtant maillon essentiel de la chaîne de soins, ne font pas partie du système de dotation mis en place par l'Etat en masques et gel hydroalcoolique ; une pétition a d'ailleurs été lancée pour alerter sur ce sujet.
Une mobilisation nationale
Un dispositif national pour les personnes accompagnées par les établissements et services médico-sociaux et par ceux intervenant à domicile, a été mis en place qui a fait l'objet d'une réunion, le 3 mars, avec l'ensemble des acteurs, en présence d'Olivier Véran, ministre de la Santé. Des protocoles nationaux validés par les autorités sanitaires et définissant la conduite à tenir pour protéger les personnes vulnérables tout comme les professionnels ont été communiqués. Ils doivent être mis à jour en continu pour s'adapter à l'évolution rapide de la situation sanitaire. Lors du conseil des ministres du 11 mars, il est mentionné que « les acteurs du domicile et du médico-social sont régulièrement réunis en vue d'anticiper la phase épidémique » et que des « fiches de conduite seront prochainement diffusées ». Le gouvernement annonce dans le même temps « l'assouplissement des conditions de remboursement des consultations en télémédecine », pouvant faciliter, notamment, la prise en charge de personnes à mobilité réduite.
L'aubaine télétravail
Dans son discours, le chef de l'État en a également appelé à « la responsabilité » et demandé « à tous les Français » de limiter « au strict nécessaire » leurs déplacements, en privilégiant le télétravail. « Dans le champ de l'autisme, on réclame depuis longtemps la simplification des modalités du télétravail, ajoute une jeune femme. C'est peut-être l'occasion d'en apprécier les vertus ». Dans ce contexte, l'Agefiph (fonds dédié à l'insertion des personnes handicapées dans le privé) annonce par exemple que, par mesure de prévention, la plupart des actions de formation, ainsi que les réunions vont être reprogrammées à partir de début juin… ou transformées en visio-conférence (article en lien ci-dessous).
Et l'AESH de mon enfant ?
D'autres interrogations émanent des parents d'élèves en situation de handicap. Emmanuel Macron a promis « un service de garde mis en place région par région » pour que les personnels « indispensables à la gestion de la crise sanitaire » puissent « faire garder leurs enfants et continuer d'aller au travail ». Mais pour les autres ? « Comment faire pour les élèves bénéficiant d'un AESH (accompagnant d'élève en situation de handicap). Pourra-t-il rester auprès de lui à la maison durant toute la phase de confinement ? », questionne une maman.
Contacté sur les mesures spécifiques prises en faveur des personnes handicapées, le secrétariat d'Etat au Handicap assure être en train de mettre la dernière touche à la stratégie officielle et promet des réponses dans la journée du 13 mars. Une conférence téléphonique est prévue à 17h avec les associations (2 articles en lien ci-dessous).