DERNIERE MINUTE DU 13 FEVRIER 2024
Selon nos sources, Maëlig Le Bayon, directeur de cabinet depuis 2021 du ministère délégué aux Personnes handicapées (il a vu passer Sophie Cluzel, Damien Abad, Geneviève Darrieussecq et Fadila Khattabi), est reconduit dans ses fonctions dès le 14 février 2024 (date de sa nomination au Journal officiel). Un gros signal envoyé à l'écosystème du handicap lorsque certains redoutent une dilution de l'engagement de la ministre qui s'occupe désormais aussi des Personnes âgées ? Le handicap serait ainsi « toujours la priorité de la ministre », selon notre interlocuteur.
ARTICLE INITIAL DU 9 FEVRIER 2024
Enfin ! Depuis le 8 février 2024 au soir, le gouvernement Attal est au complet ! Fadila Khattabi, nommée en juillet 2023, est reconduite à son poste de ministre déléguée aux Personnes handicapées (Lire : F.Khattabi : forte personnalité et franc parler au Handicap).
Les personnes âgées aussi !
A un détail près, elle hérite également du portefeuille des personnes âgées, avec quelques millions de « clients » supplémentaires qui viennent s'ajouter aux 12 millions de personnes handicapées estimées en France. On recense, en 2023, 6,7 millions de Français âgés de 75 ans et plus. Sur les réseaux, certains internautes s'inquiètent d'une possible « dilution » de son engagement. Pour Brittia, « Comme les seniors votent et sont beaucoup plus nombreux que les enfants handicapés, on se prépare à des grosses désillusions sur les priorités... ». Ce n'est pourtant pas une première ; en 1988, déjà, Catherine Trautmann gérait un secrétariat d'Etat couvrant ces deux publics, puis Dominique Gillot en 2001, ou encore Philippe Bas en 2007 avec un champ d'actions étendu à la Famille et la Sécurité sociale. Ce n'est que depuis 2012 que le handicap est devenu un « sujet » à part entière.
Sous la tutelle de Vautrin
Fadila Khattabi, qui se définit comme « femme de gauche » sur X, s'est déclarée « très honorée de poursuivre (sa) mission auprès des personnes handicapées, mais aussi aux côtés de celles et ceux qui sont âgés ». Elle aura donc pour tutelle Catherine Vautrin qui, aux manettes d'un super ministère dans le champ du « social » composé du Travail, de la Santé et des solidarités, chapeautera également Frédéric Valletoux, ministre délégué à la Santé et à la Prévention, et Sarah El Haïry, ministre déléguée à l'Enfance, à la Jeunesse et aux Familles (partagée avec l'Education et la Justice).
Tout un gouvernement dédié au handicap ?
Jérémie Boroy, président du Conseil national consultatif des personnes handicapées (Cncph), encourage (ironise ?) à l'action globale en saluant la « nomination de 34 ministres en charge du handicap et de l'accessibilité autour du Premier ministre pour mettre en œuvre la feuille de route de la Conférence nationale du handicap du 26 avril 2023 et œuvrer pour l'accès au droit commun avec le Comité interministériel du handicap ». Il se réjouit par ailleurs « que les personnes âgées et l'avancée en âge soient prises en considération avec la désignation d'une interlocutrice dédiée ». De son côté, Jean-René Lecerf, président du Conseil de la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie), faisait remarquer il y a quelques jours lors d'une conférence de presse que « depuis deux ans, (il a) changé à cinq reprises d'interlocuteur. Les ministres passent et les problèmes demeurent ». Il aura donc maintenant une interlocutrice à double casquette. « Notre conseil souhaitait cette unification, se félicite-t-il, c'est la raison d'être de la CNSA, une caisse des vulnérabilités qui englobe le handicap, le grand-âge mais aussi l'enfance ».
Réaction du Collectif handicaps
Mais qu'en pensent les associations ? Le Collectif handicaps espère que « l'élargissement de son portefeuille aux personnes âgées permettra enfin d'avoir une véritable politique publique de l'autonomie (sans distinction liée à l'âge, à l'état de santé ou à la situation de handicap) ». « Même si ce n'était pas une des grandes orientations de la feuille de route dessinée par le Premier ministre dans son discours de politique générale… », ajoute ce collectif de plus de 50 associations du champ du handicap. Il appelle « évidemment à une politique interministérielle du handicap » et encourage Fadila Khattabi, « bien qu'elle ne soit plus rattachée au Premier Ministre depuis 2022, à faire ce lien avec les autres portefeuilles ». De manière générale, le Collectif handicaps « attend beaucoup plus que les mesures, parfois mesurettes, de la Conférence nationale du handicap ; elles ne doivent pas être la seule boussole de l'action du gouvernement ». Pour Jacky Vagnoni, président de la Fédération paralysie cérébrale France, « la stabilité a été choisie et nous en sommes satisfaits car les discussions engagées doivent aboutir ».
« Embarquer le sujet handicap »
Pour Matthieu Annereau, président de l'APHPP (Association pour la prise en compte des personnes handicapées dans les politiques publiques et privées), « l'autonomie doit absolument embarquer le sujet handicap » ; lui réclame « une planification handicap et accessibilité d'ici à 2027 et une clarification de manière urgente sur la nécessaire prise en charge à 100 % des fauteuils roulants sans restriction » (Lire : Fauteuils roulants remboursés à 100% : une (vaine) promesse?).
Un gouvernement au complet
Vingt-huit jours après la première salve, le gouvernement est complété par vingt ministres délégués et secrétaires d'Etat, dont une poignée seulement de nouvelles recrues et beaucoup de titulaires de l'effectif Borne reconduits ou repêchés. Cette équipe paritaire (18 femmes, 17 hommes) maintient les équilibres politiques préexistants, avec toujours une écrasante majorité de postes dévolus au parti présidentiel Renaissance et le reste à ses alliés, dont quatre MoDem, deux Horizons, une radicale de gauche.