Franchir le seuil d'un commissariat n'est pas toujours une partie de plaisir. Surtout lorsque le requérant présente des difficultés de compréhension à cause d'une déficience intellectuelle ou de la barrière de la langue. Dépôt de plainte, vote par procuration, traitement judiciaire d'une procédure… Les citoyens en situation de handicap pourraient-ils bénéficier de services publics de sécurité plus « adaptés » ? C'est l'objectif d'une nouvelle convention nationale signée le 26 janvier 2023 entre l'Unapei, association de défense des droits des personnes en situation de handicap intellectuel et cognitif, et la Police nationale. A l'origine de cette initiative, un constat : « En 2023, le handicap est toujours synonyme d'exclusion. L'accès à l'information et aux services publics n'est pas pleinement effectif pour les personnes en situation de handicap », rapportent les signataires.
Des documents en FALC
Pour ce faire, les agents de la Police nationale recevront dès leur formation initiale une sensibilisation spécifique axée sur l'accompagnement d'une personne en situation de handicap intellectuel, de l'accueil au commissariat à l'éventuel dépôt de plainte, jusqu'au traitement judiciaire de la procédure. Les documents administratifs seront également traduits en Facile à lire et à comprendre (FALC). Un travail de retranscription mené de concert avec des travailleurs d'Etablissements et services d'accompagnement par le travail (ESAT). « Cette retranscription bénéficiera directement aux personnes en situation de handicap intellectuel mais également aux trois millions de personnes qui, en France, doivent faire face aux barrières de la langue ou à des difficultés cognitives ou sociales », précisent l'Unapei et la Police. Cette convention doit s'appliquer à l'échelle nationale et « se prolongera à travers des partenariats entre les directions départementales de la Police nationale et les 330 associations locales du réseau Unapei ».
Des gendarmes formés à la LSF
Cette initiative s'inscrit-elle dans une démarche d'inclusion plus globale des forces de l'ordre ? En 2015, la Gendarmerie s'initiait à la Langue des signes française (LSF) pour mieux communiquer avec les personnes sourdes ( Lire : Des gendarmes formés à la langue des signes ). Des gendarmes de la Brigade de prévention de la délinquance juvénile (BPDJ) d'Arras avaient initié le mouvement. Depuis, quelques autres se sont dotées de référents LSF.