Handicap psy et mental : des ateliers pour gérer son budget

Comment faire un budget mensuel ? Que se passe-t-il quand on est à découvert ? En banlieue parisienne, la Banque de France a organisé un "atelier budget" destiné aux personnes avec un handicap mental ou psychique. Objectif ? Mieux gérer leur budget.

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Une main fait des piles de pièces de monnaie.

Par Victoria Lavelle

"Moi, je reçois mes relevés de compte sur Internet et je n'y comprends rien !"
Hélène, la soixantaine, participait, le 11 septembre 2024, à un "atelier budget", organisé par la Banque de France à Vanves (Hauts-de-Seine), à l'attention des personnes avec un handicap mental ou psychique. Au menu : comment éviter les arnaques sur Internet, comment reconnaître un faux billet... Objectif ? Une meilleure gestion de leur argent.

Gagner en autonomie financière

"Comment faire un budget mensuel ?" "Que faire en cas de vol de sa carte bleue ?" "Que se passe-t-il quand on est à découvert ?" Les questions fusent parmi l'assemblée de la petite dizaine de personnes âgées de 40 à 60 ans prises en charge par le Service d'accueil à la vie sociale de Vanves (SAVS). Si plus de la moitié du public du jour est sous curatelle, l'atelier, co-animé par la Banque de France et l'association Action Educfi dans le cadre des Journées nationales d'action contre l'illettrisme (JNAI), ne passionne pas moins l'assistance, désireuse de gagner en autonomie financière.

Empêché de consulter ses relevés de comptes

Vincent, la cinquantaine, explique par exemple vouloir consulter ses relevés de compte tous les mois, mais "je ne reçois rien, ma curatrice ne me les montre jamais", se plaint-il. "Vous pouvez prendre rendez-vous avec votre curatrice et demander à votre banque de vous envoyer vos relevés", le rassure Nathalie Krausener, responsable de l'éducation financière et budgétaire des publics pour la Banque de France dans les Hauts-de-Seine. 

Assurer une base de connaissances

Au-delà de conseils concrets sur l'utilisation d'une carte bancaire ou les paiements en ligne, l'atelier a pour but "d'assurer une base de connaissances" et de "transmettre les outils nécessaires" à la gestion de son budget, précise Nathalie Krausener. La petite assemblée du SAVS a ainsi dû organiser le budget de la "famille Jegère", domiciliée "rue de la Dèche", en fonction de ses revenus et des coûts de la vie quotidienne : loyer, charges, courses, loisirs, factures diverses...

Des appli pour surveiller ses dépenses

"Moi j'ai un problème quand je fais mes courses car je suis dépensière et souvent tentée", confie Alicia, usagère du SAVS, sourire aux lèvres. "Il existe des outils pour vous aider à surveiller vos dépenses", explique alors Nathalie Krausener en évoquant l'application Pilote Budget, développée par Emmaüs. 

"Mes questions d'argent" : jeu de société participatif 

La Banque de France a également conçu une plateforme en ligne intitulée "Mes questions d'argent", dérivée en un jeu de société participatif à destination des publics en difficulté. Répartis en quatre équipes dont les noms, "Flouze" ou "Les Pépettes", ont été choisis par les participants, les usagers du SAVS ont répondu au quizz de "Mes questions d'argent" avec brio. Assurance, crédit, surendettement... Certaines mises en garde, concernant par exemple les conséquences du non-remboursement d'un crédit à la consommation, ont suscité quelques frayeurs au sein de l'assistance. 

Faciliter l'accès au droit commun

"En 2015, l'OCDE a demandé aux Etats membres de mettre en place une éducation financière et budgétaire à destination du grand public. La Banque de France a ainsi été désignée comme opérateur national par les pouvoirs publics", précise Nathalie Krausener. "Le SAVS a pour but de faciliter l'accès au droit commun des personnes isolées et en situation de handicap. On accompagne leur projet de vie dans plusieurs domaines : travail, logement, administratif... Et nous avons reçu des demandes de la part de nos usagers concernant la gestion du budget", se souvient Lætitia Mercati, éducatrice spécialisée au SAVS de Vanves. 

Un cahier d'activités pour pérenniser l'apprentissage

A la fin de l'atelier, le petit groupe repart avec un sac floqué "Banque de France" et un cahier d'activités. "Il n'y a pas de billet (de banque) là-dedans ?", plaisante Nicolas, qui se dit satisfait d'avoir suivi la formation. Cette année, il a choisi de partir en vacances en septembre plutôt qu'en juillet-août. "C'est comme ça que je fais des économies !", sourit-il.

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