Handicap : quelle inclusion scolaire à l'étranger?

Quels sont les dispositifs mis en place dans les pays voisins pour accueillir les élèves handicapés ? Immersion dans l'école inclusive au Royaume-Uni, en Italie, Allemagne, Portugal, Hongrie et Suède, via le dernier rapport de la Cour des comptes.

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Une jeune fille regarde un globe derrière une enseignante avec une autre élève.

A quoi ressemble l'inclusion scolaire des élèves en situation de handicap à l'étranger ? Après l'édition d'un premier rapport qui pointe les « faiblesses de mise en œuvre » de l'Etat français (Ecole inclusive : copie à revoir selon la Cour des comptes), la Cour des comptes publie un « cahier de comparaisons internationales », en septembre 2024. Tour d'horizon des dispositifs mis en place dans six pays d'Europe.

L'Italie, pionnière de l'école inclusive ?

L'Italie fait figure de précurseur en matière d'école inclusive (Ecole inclusive : zoom sur le "cas d'école" italien). La Botte a été, en 1977, le premier pays à fermer ses établissements spécialisés pour scolariser les élèves en situation de handicap dans les classes ordinaires. Le pays envisage la diversité comme une « opportunité de croissance donnée par l'interaction avec une personne en situation de handicap ou avec d'autres types de troubles, qui peuvent également être transitoires ». Il subsiste toutefois quelques instituts spécialisés pour les enfants aveugles ou sourds.

Italie : des enseignants de soutien affectés à la classe

Le système italien se caractérise par la création du métier d'enseignant de soutien qui vise à faciliter le processus d'intégration. Il n'est pas affecté à l'élève handicapé mais à la classe afin de répondre aux besoins éducatifs plus importants que sa présence entraîne. Des « assistants pour l'autonomie et la communication », dédiés à l'élève, peuvent également être sollicités. La formation initiale des professeurs est « orientée vers des pratiques plus inclusives, comprenant 20 % du programme pour les enseignants du curriculum et jusqu'à 100 % pour la spécialisation des professeurs de soutien », relève le rapport de 35 pages. Néanmoins, nombre de ces derniers sont sélectionnés sur des « listes de programmes », destinées à combler le manque de personnel spécialisé, et ne bénéficient pas de formation spécifique. L'accessibilité du cadre bâti est également limitée, seul un établissement sur trois étant adapté aux élèves à mobilité réduite (chiffres de 2020-2021).

Allemagne : une étroite collaboration avec le médico-social

Depuis la ratification par l'Allemagne de la Convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées en 2007, la part d'élèves handicapés fréquentant des établissements spécialisés a fortement diminué au profit de l'école ordinaire. Mais les politiques en faveur de l'inclusion sont encore très hétérogènes selon les régions. Par ailleurs, la coopération avec le secteur médico-social permet d'assurer une « intégration efficace », via l'élaboration d'un plan qui détaille les besoins spécifiques en matière de soutien médico-social, la présence de professionnels de santé et la planification de séances de thérapie in situ. En France, le manque de coordination entre ces deux secteurs est régulièrement pointé du doigt par les associations.

A l'issue de leur formation initiale à l'université puis pratique au sein d'une école, les professeurs peuvent suivre des programmes spécifiques qui abordent les méthodes d'enseignement adaptées et les besoins particuliers de ces élèves. Toutefois, 89 % de ceux ayant été interrogés indiquent ne pas avoir été « suffisamment » préparés à l'enseignement inclusif au cours de leurs études et 71 % se sentent « souvent dépassés ».

Hongrie : un « grave sous-financement »

En Hongrie, où la ségrégation dans l'enseignement était de mise jusqu'au changement de régime en 1989, l'apparition et l'accueil d'élèves « à besoins éducatifs spéciaux » dans la majorité des écoles publiques « ne s'est pas fait pas sans heurts et a mis en évidence les lacunes de l'environnement pédagogique », explique le rapport. La part des élèves scolarisés en milieu ordinaire a toutefois « sensiblement augmenté » : 97 % aujourd'hui contre 70 % en 2016 et 18 % en 2001. « Si le bien-fondé de l'éducation inclusive fait aujourd'hui consensus, les conditions matérielles et humaines nécessaires à une mise en œuvre efficace ne sont pas remplies », tranche cependant le rapport, qui l'explique notamment par un « grave sous-financement de l'éducation hongroise ». Par ailleurs, les enseignants qui suivent une formation générale n'ont pas accès à un module sur l'éducation inclusive, déplore la Cour des comptes.

Portugal : une équipe multidisciplinaire en soutien aux enseignants

Au Portugal, la quasi-totalité de ces jeunes suivent l'enseignement obligatoire en milieu ordinaire. Dans chaque école, une équipe multidisciplinaire, qui inclut entre autres les parents, un éducateur spécialisé et un psychologue, a vocation à soutenir l'éducation inclusive, notamment en proposant des mesures de soutien à l'apprentissage et des conseils sur la mise en œuvre de pratiques pédagogiques inclusives. Concernant la formation initiale des enseignants, elle comprend une « approche générique et introductive des questions liées à l'inclusion et à l'accompagnement des élèves présentant des caractéristiques et des besoins supplémentaires ».

Royaume-Uni : des « ajustements raisonnables » pour une école accessible 

Au Royaume-Uni, « l'éducation est une compétence dévolue aux quatre nations constitutives ». La scolarisation dans le milieu ordinaire y est un « principe de droit ». 1,57 million de jeunes anglais ont des « besoins éducatifs particuliers » en 2023, soit 17,3 % de la part totale. Ils peuvent bénéficier d'un assistant pédagogique ou d'un personnel spécialisé en classe (mais l'enseignant reste responsable de leur travail quotidien). Par ailleurs, les établissements doivent prendre en charge les modifications physiques pour adapter le bâtiment et, de manière générale, mettre en place les « ajustements raisonnables » pour rendre accessible le milieu scolaire. En parallèle, des écoles spécialisées proposent également des pédagogies qui visent à répondre aux besoins spécifiques dans quatre domaines : communication et interaction, cognition et apprentissage, santé mentale, émotionnelle et sociale ou besoins physiques et sensoriels.

Suède : un système éducatif décentralisé

Le système éducatif suédois est décentralisé, les décisions concernant la mise en œuvre de la loi sur l'éducation et du programme national sont prises au sein des 290 communes. Deux types d'accompagnement existent. Le premier : l'adaptation supplémentaire, qui fournit une aide dans la planification de l'emploi du temps, un matériel d'apprentissage adapté et un enseignant spécialisé présent sur une plus longue période. L'accompagnement particulier est, quant à lui, proposé en cas de soutien particulier plus régulier. En complément, un assistant étudiant peut être sollicité pour prendre des notes pendant les cours par exemple. Si besoin, les élèves peuvent également être placés dans un « groupe d'enseignement spécial » au sein d'une école dédiée.

Par ailleurs, les classes d'éducation spécialisée pour ceux ayant des déficiences intellectuelles sévères peuvent être intégrées dans les écoles ordinaires ou spécialisées. Dans les établissements dédiés aux enfants avec un handicap physique « grave », l'accent est mis sur la langue et la communication. Il en existe également dédiés aux sourds et malentendants. Autre particularité : un enseignant commence dans l´éducation ordinaire et peut ensuite, s'il le souhaite, se former pour intervenir dans l'éducation spécialisée. Pour l'heure, aucune statistique nationale concernant « la réussite scolaire et l'efficacité des mesures d'éducation inclusive » de ce pays scandinave ne sont disponibles.

© Stocklib / Ruslan Huzau

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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