Le gouvernement veut réformer pour 2024 le système d'accessibilité téléphonique pour les personnes sourdes, sourdaveugles, malentendantes ou aphasiques, a-t-il indiqué le 3 février 2022. Il promet "la mise en œuvre d'une solution universelle de l'accessibilité à l'horizon 2024", pour remplacer le système actuel jugé non satisfaisant.
Interprétation directe en LSF ou en LPC
"Cette solution-cible permettra aux personnes concernées de pouvoir appeler et de recevoir des appels sans distinction d'interlocuteur, grâce à une interprétation en direct en langue des signes française (LSF) ou en langage parlé complété (LPC) ou encore à une transcription texte", selon un communiqué signé par Amélie de Montchalin (ministre de la Transformation et de la Fonction publique), Sophie Cluzel (secrétaire d'Etat chargée des Personnes handicapées) et Cédric O (secrétaire d'Etat au Numérique). Le système actuel repose sur des obligations d'accessibilité aux opérateurs téléphoniques et aux grandes entreprises et services publics. Ceux-ci s'organisent comme ils le souhaitent pour proposer ce service. Or, selon un rapport commandé par le gouvernement et rendu public le 2 février 2022, l'accessibilité n'a pas vraiment décollé depuis la mise en place de ces obligations en 2016 par la loi pour une République numérique.
Des solutions d'accessibilité peu connues
"Les utilisateurs ne connaissent souvent pas l'existence des solutions d'accessibilité", notent par exemple les rapporteurs, Jérémie Boroy, président du Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH), et Anthony Colombani, directeur RSE (responsabilité sociale d'entreprise), affaires publiques et communication de Bouygues Telecom. "L'accessibilité des services publics et des grandes entreprises demeure partielle et il n'existe aucun suivi du respect de leurs obligations", ajoutent-ils. Dans sa déclaration, le gouvernement ne se prononce pas sur l'organisation concrète du futur service universel qu'il appelle de ses vœux, ni sur son financement.
965 000 personnes concernées en 2030
Selon le rapport Boroy-Colombani, les dépenses annuelles d'accessibilité peuvent être estimées à 10 millions par an aujourd'hui et pourraient atteindre jusqu'à entre 30 et 50 millions d'ici 10 ans, si cette accessibilité devait être pleinement mise en œuvre. A horizon 2030, environ 965 000 personnes en France auront un besoin d'accessibilité téléphonique, selon le rapport. Les personnes aphasiques (présentant un trouble du langage) sont les plus mal servies par le dispositif actuel. Pour ces personnes -environ 300 000 en France- l'accessibilité téléphonique reste encore "inexistante", souligne le rapport.