Passer un coup de fil, geste anodin pour la grande majorité des Français, devient particulièrement complexe pour les personnes sourdes, malentendantes, sourdaveugles et aphasiques. Pour joindre un service public, une entreprise privée ou un particulier, elles doivent passer par des systèmes intermédiaires, par exemple l'interprétariat en langue des signes.
Mettre fin à une discrimination
Pour leur faciliter la vie et mettre fin à cette « discrimination », selon Amélie de Montchalin, ministre de la Transformation et de la fonction publiques, le gouvernement annonce, le 26 juillet 2021, le lancement d'une mission de préfiguration afin de mettre en place une solution d'accessibilité téléphonique adaptée à ces publics. Objectif ? La rendre réellement « universelle ». Il existe en effet de nombreuses options, qui répondent aux obligations de l'article 105 de la loi pour une République numérique, mais cette offre s'avère, de l'aveu même des pouvoirs publics, trop « hétérogène et fragmentée », avec une « forte complexité d'utilisation pour les usagers qui doivent chercher, pour chaque destinataire, la solution idoine ». Une situation « particulièrement problématique » pour les personnes sourdaveugles et aphasiques.
Solution simple promise
Une concertation avec les différentes parties prenantes (associations de personnes handicapées, opérateurs de communication électronique, grandes entreprises…) a permis de « dégager une piste de travail consensuelle », selon le gouvernement. Ce dernier promet une « solution unique, intuitive et simple d'utilisation, qui permettrait également d'optimiser les ressources humaines et financières nécessaires à la fourniture de ce service ». Pour la définir concrètement, il a confié cette mission de préfiguration à Jérémie Boroy, président du Conseil national consultatif pour les personnes handicapées (CNCPH), lui-même sourd et militant sur cette question, et Anthony Colombani, directeur responsabilité sociale des entreprises (RSE) de Bouygues. Ils devront passer en revue plusieurs critères (cadre juridique, concurrence…) et évaluer le coût d'un tel dispositif, en s'assurant qu'il sera adapté aux personnes sourdaveugles et aphasiques, et en proposant un « modèle de financement acceptable par tous ».
Après un rapport d'étape remis aux ministres fin septembre 2021, les conclusions définitives sont attendues fin octobre 2021.