Jeudi 29 août, stade Charléty. Top départ du Handisport Open Paris 2019 (article en lien ci-dessous) ! Il est à peine 9h lorsque les premiers spectateurs prennent place dans les tribunes. Munis de banderoles et de drapeaux, ils sont venus soutenir l'élite de l'athlétisme handisport mondial. Une musique entrainante, un discours enflammé de Tony Estanguet, président du Comité d'organisation de Paris 2024, qui promet d'organiser les Jeux les plus spectaculaires de l'histoire... Cette 5e édition commence sur les chapeaux de roue. Après la présentation des 63 nations participantes, par des dizaines d'enfants tout émoustillés, la compétition est lancée !
Un staff aux petits soins
700 athlètes venus des quatre coins de la planète s'affrontent pendant deux jours, en espérant se qualifier pour les championnats du monde d'athlétisme, organisés à Dubaï du 7 au 15 novembre 2019. A midi, les premières courses démarrent. L'enjeu est crucial, la concentration est de mise. « Silence dans le stade... » Au coup de pistolet, les sportifs s'élancent à vive allure sur la nouvelle piste de ce stade mythique. Plus souple, avec une adhérence renforcée... Les sprinters pulvérisent leur record les uns après les autres. D'autres n'ont pas cette chance et se blessent avant la ligne d'arrivée. Munie d'une technologie de pointe, l'équipe médicale est prête à intervenir. Salon de massage et kiné, espace de diagnostic pour estimer l'importance des blessures musculaires grâce à une échographie dernier cri, table ultra-son... Sa mission : éviter le sur-handicap. « 10 à 15 % des athlètes viendront consulter, principalement pour des causes traumatiques (entorse, déchirure musculaire », estime Frédéric Rusakiewicz, médecin et habitué des compétitions handi. Un taux « légèrement » plus important que chez les « valides ».
Des bénévoles sur tous les fronts
En coulisse, les bénévoles s'activent. Sécurité, accueil, accompagnement des athlètes... 300 petites mains veillent au bon déroulement de cet évènement d'envergure, dont un-quart en situation de handicap. Parmi eux, Gilles, 57 ans, a posé un RTT pour pouvoir être de la partie. Le bénévolat ? « Une vocation, répond-il. J'en faisais avant d'être handicapé et ce n'est pas ma vilaine gangrène de Fournier qui va m'empêcher de continuer ! » Plus qu'une occupation, « c'est un besoin », explique ce passionné de sport. Tout comme lui, Richard et Nasser, malvoyants, n'auraient manqué le HOP 2019 « pour rien au monde ». Anciens athlètes, ils se réjouissent de pouvoir découvrir « l'envers du décor » tout en se rendant « utiles ». C'est aussi l'occasion d'envoyer valser les préjugés et « de montrer que handicap ne rime pas avec incapacité ». « Depuis que je suis bénévole, j'ai pris conscience de l'importance de leur rôle », confie Nasser. « Sans eux, pas de HOP », reprend Aimel Chaibi, sa responsable. Selon elle, le handicap « n'est pas un frein. Au contraire, c'est une plus-value dans ce type d'évènement. Les bénévoles concernés nous apportent leur expertise sur le sujet ». Même si l'autocensure sévit toujours, de plus en plus de volontaires en situation de handicap, « mais aussi de valides », postulent pour le HOP. « Cette hausse s'explique notamment par un intérêt croissant pour le handisport », poursuit-elle. Longtemps délaissé, jouerait-il désormais dans la cour des grands ?
Handisport : carton rouge pour les médias ?
Les enfants veulent y croire. « Tous égaux face aux sports », brandissent-ils plein d'espoir. Réalité ou utopie ? « Combien de journalistes sont présents ? Les chaînes de télévision et les radios ont-elles fait le déplacement ? Et les médias spécialisés dans le sport ? », questionne Clavel Kayitaré, roi du sprint et capitaine de l'équipe de France handisport. Le ton est donné. Après 17 ans de carrière, le multi-médaillés, admet que les mentalités ont évolué « mais il reste beaucoup à faire ». « Avez-vous vu les tribunes ? Si ce n'est les jeunes envoyés par la mairie de Paris, il n'y a pas beaucoup de spectateurs... », renchérit Marie Bidilié, lanceuse de disque et de poids.
Outre les Jeux paralympiques qui font désormais un carton d'audience, il faudra encore du temps pour que le handisport fasse sa place au soleil. Mais les athlètes et la Fédération française dédiée ont bon espoir et misent sur la sensibilisation pour faire bouger les lignes. Casque de réalité virtuelle, démonstration de tir sportif, présentation de boccia, cécifoot... Au fil des stands du Grand village international, les visiteurs découvrent des activités jusque-là inconnues... Les journalistes et les partenaires sont également mis à contribution et invités à se glisser dans la peau d'un sprinteur en fauteuil. Expérience à laquelle ils se prêtent volontiers, non sans mal. « Respect », lancent-ils après un relai 4x100m éreintant. Faut-il en passer par-là pour insuffler une prise de conscience collective ?