Identifier la douleur chez une personne handicapée qui ne peut pas l'exprimer est un véritable défi pour les professionnels du médico-social. Pour les aider, l'Agence régionale de santé (ARS) d'Auvergne-Rhône-Alpes et le CHU de Clermont-Ferrand ont conçu un programme innovant visant à mieux repérer et soulager ces souffrances silencieuses. Nom de code ? Handol.
Un besoin criant de formation et d'informations
À l'origine de cet outil, un constat. « Nous avons travaillé avec l'ARS pour faire un état des lieux de la prise en charge de la douleur en Foyers d'accueil médicalisés (FAM) et Maisons d'accueil spécialisées (MAS). (…) Il y avait vraiment des besoins d'information et de formation pour les personnels qui travaillent dans ces établissements », explique le Professeur Gisèle Pickering, spécialiste de la douleur au CHU de Clermont-Ferrand, dans la vidéo ci-dessus. Or « les outils existants n'étaient pas adaptés aux personnes dyscommunicantes, qui ont du mal à s'exprimer, en général, et à exprimer ce qu'elles ressentent, parce qu'elles ont une vision de leur schéma corporel qui peut être complexe », ajoute Frédérique Chavagneux, directrice déléguée qualité de l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes.
Des outils concrets pour une meilleure qualité de soins
Déployée depuis septembre 2024 au sein de plusieurs établissements médico-sociaux volontaires de la région, cette mallette innovante entend apporter « des outils concrets pour améliorer la qualité des soins ». Elle comprend notamment un classeur regroupant différentes grilles d'évaluation de la douleur, adaptées à chaque âge et chaque profil, de l'enfant, à la personne âgée, en passant par l'adolescent et l'adulte. Il est complété par des carnets de suivi, afin d'assurer une évaluation continue et ajuster la prise en charge au besoin. Handol contient également un livret de formation et un dossier permettant de choisir l'échelle adaptée à chaque situation.
Des troubles du comportement parfois mal interprétés
« Lorsque la personne n'est pas en capacité de dire où elle a mal, elle peut l'exprimer de manière particulière, par des troubles du comportement ou de l'agitation. » Ces situations peuvent parfois aboutir à des prises en charge inadaptées « puisqu'on ne va pas traiter la cause de la douleur mais le symptôme que l'on voit », observe Frédérique Chavagneux. Un exemple ? « Une personne ayant mal aux dents peut changer de comportement, être agitée ou, a contrario, complètement apathique, et se retirer de la vie en communauté. Mais, très souvent, on peut lui attribuer des problèmes psychiatriques ou psychologiques », détaille le Professeur Pickering. En outre, Handol vise également à « éviter les erreurs de médication en sous-dosage ou même en surdosage ».
Des pistes d'évolution
L'ARS Auvergne-Rhône-Alpes, qui continue d'accompagner les établissements dans l'expérimentation de la mallette, souhaite désormais la faire évoluer en tenant compte des retours des professionnels. « Nous avons déjà des pistes pour aller plus loin : mettre à jour la mallette destinée aux personnes âgées et approfondir la question des douleurs neuropathiques », annonce Frédérique Chavagneux. Malette à suivre...
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