« Et si vous faisiez décoller votre carrière ? », c'est le credo d'Hanvol. Cette association s'implique depuis 2010 en faveur de l'accès à l'emploi des personnes en situation de handicap. Chaque année, elle recrute des candidats pour entrer en préformation. A la clé, une formation en alternance ouvrant à un emploi pérenne et des perspectives de carrière dans l'industrie aéronautique, spatiale et de défense ou le transport aérien, plus que jamais en recherche de compétences.
Un secteur en tension qui recrute
18 000 embauches, dont 7 000 en alternance, sont prévues en 2024 dans la filière, selon le Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales), à l'origine d'Hanvol avec le soutien de l'Agefiph (fonds pour l'emploi des personnes handicapées dans le privé). « Pour ces entreprises, le recrutement inclusif est une opportunité », explique Laurent Dujaric, délégué général d'Hanvol. Ce dispositif ouvre les portes à de nombreux métiers, dans les domaines de la conception, de la production et de la maintenance, à tous niveaux. Il permet ainsi de diversifier le recrutement et de proposer des offres sur des métiers en tension. Selon Hugues Defoy, directeur métier Agefiph, « le message envoyé, c'est oui, on peut travailler dans l'aéronautique alors que peu l'imaginent. Mais à condition de trouver des employeurs engagés et de concevoir des parcours clés en main ».
Le temps de définir son projet
Les candidats sélectionnés se voient proposer une préformation de 400 heures rémunérée, à Paris ou Toulouse. Appelée POEC (Préparation opérationnelle à l'emploi collective), elle les prépare à entrer en alternance (jusqu'au 31 janvier 2024 pour postuler. Lire : Hanvol : l'aéronautique recrute candidats handi en 2024). « Cela leur permet de choisir le métier qui correspond le plus à leur profil », poursuit Laurent Dujaric. Les personnes éloignées de l'emploi, longtemps au chômage, avec de fortes pertes de confiance en soi sont ainsi remises à niveau via ce dispositif dédié aux 30-56 ans, avant d'être présentées aux entreprises. Des stages et mises en situation en entreprise les aident à définir leur projet « non pas à partir du handicap mais des compétences professionnelles, poursuit-il. Ensuite, on adapte le poste ». Et de citer le cas d'une jeune femme bipolaire salariée d'une plateforme téléphonique qui, ne trouvant pas de débouché de ce type dans l'aéronautique, s'est finalement formée… à la mécanique.
Depuis 2016, Hanvol a mis en place une autre voie d'accès à l'alternance via le coaching individuel (inscription jusqu'au 30 avril 2024). Il concerne les demandeurs d'emploi plus proches de l'emploi, par exemple des diplômés récents.
Convaincre aussi les PME
Dassault aviation, Safran, Collins Aerospace, Airbus, Thales… Dix-huit entreprises se sont engagées pour le moment, surtout de grands groupes, mais « il pourrait y en avoir une cinquantaine, en ouvrant à toutes les sociétés du transport aérien, les compagnies et les aéroports », espère Hugues Defoy. Il encourage également les PME à « adhérer à ce projet notamment via la sous-traitance », assurant que qu'Hanvol est en « mesure de s'adapter à tous leurs métiers ». La preuve à travers trois parcours inspirants… Certains candidats témoignaient en juin 2023 à l'occasion d'une journée organisée dans le temple de l'aéronautique, le Salon du Bourget.
Mohamed : Bac mention « Bien » à 40 ans
Celui de Mohamed Bouhaouli est particulièrement emblématique. Après un accident de travail dans le bâtiment, il reste éloigné de l'emploi durant des années. Contacté par Hanvol, il n'y croit guère. « Lorsque vous avez un handicap, la quarantaine, un parcours scolaire pas top et quatre enfants, votre employeur, c'est Pôle emploi ou la Caf ». Il a pourtant repris espoir lors de l'entretien puis obtenu un poste adapté chez Airbus Blagnac. A 40 ans, il décroche même son Bac mention « Bien », aux côtés de jeunes de 17 ans, puis poursuit avec un BTS système numérique sur simulateur de vol. Bientôt un projet de licence avec l'objectif d'être embauché en CDI.
Charles-Marie, l'ingénieur musicien
Tous les talents sont explorés. Charles-Marie Hulot a la particularité d'être à la fois ingénieur en mécanique et diplômé d'un Bac + 5 en musicologie. S'il continue de donner une dizaine de concerts par an, il a aussi fait ses gammes au sein de la Direction interarmées des réseaux d'infrastructure et des systèmes d'information, espérant devenir bientôt fonctionnaire. « J'ai pu convaincre mes collègues de ma plus-value en leur prouvant qu'avec mon handicap, je peux être flexible et m'adapter. » Autre profil, même envol… Sandra, ex chauffeur d'ambulance ne pouvait plus exercer son métier. Après une remise à niveau en anglais et français de deux mois, elle s'est orientée vers la mécanique, chez Dassault. « Et si je veux évoluer à nouveau, je sais qu'Hanvol sera là pour m'accompagner », explique la jeune femme.
« Tous les métiers sont accessibles »
La majorité des candidats sont adressés par Cap et Pôle emploi. Carole Duverger, responsable formation au sein de l'OPCO2i Ile-de-France assure que les « stagiaires ressortent transformés de ce parcours, une véritable renaissance qui leur redonne confiance en eux ». « On peut parler 'd'outil Hanvol', ajoute Hugues Defoy. C'est un dispositif emblématique à tous les titres car on part du constat que c'est compliqué mais on se met autour de la table et on réfléchit pour proposer des parcours sécurisés. Une façon de dire aux employeurs : 'Oui, tous les métiers sont accessibles' ».
Depuis 2010, Hanvol a fait ses preuves avec plus de 320 contrats en alternance, CDD et CDI signés et un taux d'insertion à la suite de la préformation de 70 % en moyenne. Paré pour le décollage ?
Pour en savoir plus sur l'accès à la préformation Hanvol 2024 et candidater sur Hanvol-insertion.aero avant le 31 janvier, lire notre article complet : Hanvol : l'aéronautique recrute candidats handi en 2024.