La réalité virtuelle pour se remettre d'un Accident vasculaire cérébral ? « A condition qu'elle soit associée à d'autres méthodes pour une efficacité optimale », souligne la Haute autorité de santé (HAS). En France, 500 000 personnes vivent avec les séquelles d'un AVC, longtemps considérées comme irréversibles. Pourtant, la rééducation des fonctions motrices et cognitives sur le long terme peut limiter leur impact et améliorer la qualité de vie des patients. En complément de ses travaux sur la prise en charge de l'AVC, la HAS publie, le 4 juillet 2022, ses premières recommandations concernant la rééducation durant la phase chronique, c'est-à-dire au-delà de six mois après sa survenue. L'autorité scientifique passe ainsi en revue les méthodes existantes afin d'indiquer si elles sont préconisées ou non. Objectif ? Guider les professionnels de santé impliqués (masseurs-kinésithérapeutes, ergothérapeutes, orthophonistes…) mais aussi optimiser et harmoniser les pratiques.
150 000 Français concernés
150 000 Français sont « percutés » chaque année par un AVC, première cause de handicap acquis chez l'adulte. Lors de la phase chronique, un grand nombre d'entre eux présentent des troubles fonctionnels multiples (déficiences cognitives, motrices ou sensitives, fatigue, ou encore troubles psycho-affectifs) qui impactent leur vie quotidienne et leur autonomie. « Il est donc essentiel de leur proposer un suivi rééducatif adapté, inscrit dans le temps et complété par un accompagnement psychologique si besoin », rappelle la HAS qui précise que les techniques doivent être adaptées par le rééducateur selon le profil et les spécificités de chaque patient, « en s'appuyant sur les recommandations de pratique clinique et les connaissances médicales avérées ».
La rééducation motrice
« Après un AVC, un manque d'activité physique peut entraîner des conséquences néfastes sur le système cardio-respiratoire, le fonctionnement des muscles, et peut aussi impacter psychologiquement les patients », observe la HAS. Pour reprendre pleinement possession de son corps, une solution : bouger ! Non pas en solitaire via des tutos « sport » mais dans le cadre d'une prise en charge médicalisée, sous l'œil avisé d'un professionnel. « La rééducation motrice des membres supérieurs et inférieurs se fait, en effet, via des méthodes thérapeutiques pratiquées manuellement ou avec des instruments, et inclut des exercices physiques et de la marche », poursuit l'autorité scientifique. Certaines techniques novatrices, comme la rééducation assistée par robotique ou la balnéothérapie, émergent également depuis plusieurs années. Mais, « faute de données disponibles pour en étayer scientifiquement les bénéfices, elles ne peuvent pas faire l'objet de recommandations », indique la HAS.
Réapprivoiser ses fonctions cognitives
Seconde rééducation : celle des fonctions cognitives, entachées par les lésions cérébrales. Il n'est pas rare que la mémoire, notamment, en prenne un coup... Ces troubles, subsistant parfois plusieurs années après l'accident, peuvent « aggraver la dépendance du patient, provoquer une détresse psychologique et même mettre en jeu sa sécurité », selon la HAS. Autres séquelles : difficultés à la planification et à la réalisation de deux tâches conjointes ou encore troubles de l'attention. « Dans ce cadre, l'apprentissage de mesures de compensation, grâce à des aides internes ou externes (listes, agendas, alarmes, aides humaines, etc.) et l'acquisition de compétences d'adaptation font partie du processus », explique la HAS. En complément, elle recommande la pratique d'une activité physique dite « aérobie », c'est-à-dire peu intense mais maintenue, notamment dans le but d'améliorer la vitesse de traitement des informations.
Deux méthodes contre les troubles de la communication
Concernant le traitement des troubles de la communication et notamment l'aphasie, à savoir la perte totale ou partielle de la capacité à s'exprimer par le langage, la stimulation magnétique transcrânienne répétitive (rTMS) et la rééducation informatisée du langage, accompagnée d'un thérapeute, sont préconisées. L'implication de l'aidant ou du partenaire par l'information et l'éducation thérapeutique est également indiquée. « En revanche, l'état actuel des connaissances scientifiques ne permet pas de recommander l'acupuncture ou la musicothérapie », éclaire la HAS.
Deux précisions cependant. Premièrement, « les symptômes observés et leurs séquelles sont si différents d'un patient à l'autre qu'il est difficile d'obtenir des résultats similaires ». Enfin, « la littérature scientifique disponible sur les méthodes de rééducation à la suite d'un AVC est parfois limitée, voire inexistante, constate la HAS. Nos travaux devront donc être complétés et adaptés selon les nouvelles données disponibles ».