Plus de 140 000 personnes sont touchées par un accident vasculaire cérébral, chaque année, en France, soit un toutes les quatre minutes, et 30 000 en décèdent. C'est l'une des principales causes de mortalité dans le monde et la première cause de handicap acquis de l'adulte. En 30 ans, le nombre de personnes concernées a augmenté́ de près de 60 %. A contrario, le taux de mortalité a baissé de près de 40 %, notamment grâce aux nouveaux traitements. Le principal remède reste la prévention ! Pour diminuer le retentissement humain et économique de cette pathologie, la Société française neuro-vasculaire (SFNV) lance une nouvelle campagne de sensibilisation à l'occasion de la journée mondiale de l'AVC, le 29 octobre 2019. Leitmotiv : « Femmes, hommes, jeunes et moins jeunes, cette maladie nous concerne tous ! »
Facteurs de risque évitables
Comme dans chaque combat, mieux vaut connaître son ennemi ! Un AVC résulte de l'interruption de la circulation sanguine dans le cerveau par un vaisseau sanguin bouché (80 % des AVC sont des accidents ischémiques) ou de la rupture d'un vaisseau sanguin provoquant une hémorragie (les 20 % restants sont hémorragiques, appelés aussi hémorragies méningées). Les conséquences : destruction de cellules du cerveau et troubles neurologiques parfois définitifs. Mais, bonne nouvelle, les principaux facteurs de risque, à savoir l'hypertension artérielle, le diabète, l'obésité, le tabac et l'alcool peuvent être évités ou, à défaut, limités. « En cas d'hypertension, chaque diminution de 10 mmHg de pression artérielle systolique (le 1er chiffre de la tension) permet de réduire de 20 % le risque d'AVC et, chez les personnes souffrant d'arythmie cardiaque, les anticoagulants oraux réduisent de plus de 60% ce risque par occlusion artérielle (infarctus cérébral) », explique la SNFV. Selon elle, la prévention doit intégrer de plus en plus la e-santé pour évaluer et contrôler les facteurs de risque, via des applications smartphones notamment. L'action sur les facteurs environnementaux (alimentation, pollution, activité physique...) pour lutter contre les maladies vasculaires est déterminant.
Connaître les symptômes pour limiter les séquelles
Les premiers symptômes de l'AVC sont généralement soudains et latéralisés : paralysie, faiblesse ou engourdissement d'une partie ou de la moitié du corps, déformation de la bouche, difficultés à parler, perte de la vision d'un œil, troubles de l'équilibre, de la coordination ou de la marche ou encore céphalée intense inhabituelle. S'ils apparaissent, il faut immédiatement composer le 15 (Samu). « Passer par un autre mode de prise en charge, comme les urgences par exemple, risque de faire perdre de précieuses minutes au patient », explique le professeur Laurent Spelle, chef de service du département de neuroradiologie interventionnelle au CHU Kremlin-Bicêtre. Une prévention adaptée et la rapidité de prise en charge sont essentielles pour limiter le risque de décès et de séquelles fonctionnelles.
Un « accident » qui laisse des traces
En 2019, 75 % des survivants gardent un handicap physique. Selon un sondage réalisé par l'entreprise Balt auprès des professionnels de santé, 37 % d'entre eux pensent que le principal frein qui les empêchent de « mieux traiter les victimes » est le manque d'information à destination du grand public. « Près d'un Français sur cinq pense que l'AVC est situé au niveau du cœur, confondant cet accident avec l'infarctus du myocarde. La plupart des français ignorent que l'AVC est la première cause de mortalité chez la femme, devant le cancer du sein et l'infarctus du myocarde et croient que cela ne concerne que les personnes âgées. Du fait de cette méconnaissance, une part de la population a encore de mauvais réflexes face aux premiers signes », estime le Pr Spelle. Par ailleurs, les patients qui semblent avoir totalement récupéré peuvent rencontrer des difficultés à poursuivre leurs activités antérieures ; seuls 40 % reprennent un emploi à plein temps. Les handicaps invisibles (troubles cognitifs, fatigabilité, dépression) sont désormais intégrés dans le suivi fonctionnel des patients.
Consultations post-op restructurées
Depuis août 2015, une circulaire ministérielle définit l'organisation des consultations post-AVC. Récemment structurées, elles permettent à tout patient une évaluation et une amélioration de la prise en charge des séquelles physiques, cognitives et émotionnelles. « Le développement actuel d'équipes mobiles de réadaptation devrait permettre d'optimiser le retour et le suivi à domicile et d'améliorer la prise en charge précoce d'éventuelles séquelles invalidantes, conclut la SFNV. La récupération fonctionnelle pourrait être bien meilleure, demain, notamment grâce à la robotique. »
Le 29 octobre, des actions de sensibilisation seront organisées partout en France, notamment dans les centres hospitaliers. Pour plus d'informations, rendez-vous sur le site dédié à l'AVC (en lien ci-dessous).