Au Royaume-Uni et en Australie, les chaînes de supermarché Tesco et Coles ont lancé, il y a quelques années déjà, le concept d'heure silencieuse dans la journée pour accueillir les clients autistes et leurs accompagnants (article en lien ci-dessous). Un aménagement spécial, avec lumière et volume sonore réduits. En France, on se saisit peu à peu de ce concept. En novembre 2017, suite à l'appel d'Amandine, maman d'Axel, un enfant autiste et handicapé moteur, le magasin King Jouet d'Echirolles (Isère) avait ouvert ses portes spécialement pour huit enfants. Depuis, d'autres ont adhéré... Ainsi, tous les mardis, durant deux heures, le Super U de Thourotte (Oise) baisse le son et la lumière pour permettre à ses clients de faire leurs achats dans le calme. Idem dans un autre magasin de l'enseigne à Vierzon (Cher) ou encore à Nantes, Saint-Herblain et Montauban.
Une heure généralisée
En France, un rapport de la Cour des comptes de 2018 estime à 700 000 le nombre de personnes autistes. Un « marché » non négligeable ! Alors pourquoi ne pas généraliser ce principe d'heure silencieuse à toute la grande distribution, une fois par semaine ? Cette idée, pas si saugrenue, s'est invitée dans le débat politique à l'initiative d'une députée MoDem. Nadia Essayan a déposé une proposition de loi en ce sens le 11 septembre 2019 (en lien ci-dessous). Elle part du constat que faire ses courses dans une grande surface représente une vraie difficulté pour les personnes atteintes de troubles, notamment du spectre de l'autisme ou psychiatriques, les « conduisant à adopter des réactions anormales face aux stimuli visuels et sensoriels ». Et d'ajouter : « À long terme, le stress provoqué par les grandes surfaces peut aller jusqu'à entraîner une dépression ». Sans préjuger de la pertinence de cette « analyse médicale », les sons, couleurs et odeurs particulièrement nombreux dans les grandes surfaces peuvent engendrer de l'anxiété. Un clip « Une minute dans la peau d'un enfant autiste », confronté aux agressions extérieures dans un centre commercial, était d'ailleurs lancé en 2016 par une association anglaise qui permet de mesurer l'impact de ces stimuli (article en lien ci-dessous).
Des actions concrètes
Concrètement, la députée propose : musique éteinte, annonces micro supprimées, bips des scanners de caisse coupés, un néon sur trois allumé, déplacements limités des clients avec leur caddie et plan du magasin distribué pour mieux se repérer et optimiser le temps d'achat. Nadia Essayan assure qu'à Vierzon, cette « initiative est une vraie réussite », qui « profite également aux personnes âgées et au personnel ». En proposant d'instaurer cette heure silencieuse aux heures creuses, cela ne « pénaliserait pas la clientèle habituelle ni le chiffre d'affaire ». Reste à savoir si la « clientèle autiste » sera disponible ! Prochaine étape pour espérer voir ce texte adopté ? Fin novembre, lors de la journée parlementaire réservée aux propositions de loi du groupe MoDem. Pas certain que la grande distribution y voit une opportunité !