Il est midi ce jeudi 9 juin 2022 au stade Charléty (Paris) (article en lien ci-dessous). Le soleil est au zénith, la chaleur avoisine les 30°C et les crécelles des supporters battent à tout rompre. Il règne dans ce berceau de l'athlétisme parisien une ambiance de fête du sport retrouvée, à l'occasion de la 5e édition du Handisport open Paris (HOP) organisée par la Fédération française de handisport (FFH) et annulée deux années de suite à cause du Covid-19 (article en lien ci-dessous). Première fois depuis les Jeux paralympiques de Tokyo 2021 que le sprinteur français Pierre Fairbrank se retrouve aux côtés d'autres athlètes internationaux. Ils sont cinq sur la ligne de départ de la finale du 100 mètres fauteuil dans leur catégorie. Le pistolet tonne, c'est parti ! Tous s'élancent à vive allure. Il ne faut que 15'22 secondes au Français, médaillé d'argent à Tokyo, pour franchir la ligne d'arrivée en tête. « Le chrono n'est pas terrible mais ce qui compte c'est d'être devant et à la bagarre face aux autres concurrents », admet-il avec un large sourire. Un enthousiasme partagé par son coéquipier français, Bryce Chesnais ; s'il a fini sixième d'une autre série du 100 mètres fauteuil, cela n'a pas entaché sa motivation à progresser pour les prochaines échéances. Le sportif tétraplégique se voit déjà aux Championnats du monde World para athletics (WPA) de 2023 et aux Jeux paralympiques de 2024, qui se tiendront coup sur coup à Paris.
Des supporters de plus en plus au rendez-vous
Dans les couloirs du stade, une fourmilière de bénévoles -près de 300 ont répondu présents- s'active pour faire vivre l'événement qui fait figure de grande répétition avant Paris 2024. Cette information, Jean-Philippe Gatien, directeur des sports Paris 2024, ne manque pas de la souligner lors du discours d'ouverture : « Cela nous permet de nous projeter dans deux ans. Pour ce faire, nous avons mis en place des programmes d'observation durant ce HOP, qui vont nous permettre de nous acculturer à l'ensemble de ces sports ». A ses côtés, Marie-Amélie Le Fur, présidente du Comité paralympique et sportif français (CPSF), salue « l'opportunité de favoriser le développement du handisport en France, notamment auprès du jeune public ». C'est d'ailleurs ce dernier, venu dans le cadre scolaire, qui comble des gradins encore clairsemés au premier jour. Pourtant, à en croire les athlètes eux-mêmes, l'affluence est tout de même supérieure aux années précédentes. Les organisateurs de l'événement s'attendent en effet à recevoir entre 8 000 et 10 000 supporters jusqu'au 10 juin 2022. D'après Sandrine Mégret, bénévole en charge de l'accueil des photographes, ce nouvel engouement du public, bien que timide, tient à la récente médiatisation des Jeux paralympiques d'été et d'hiver : « Ça permet de mettre les athlètes français en avant, et, aujourd'hui, les spectateurs se déplacent ici parce qu'ils les connaissent. C'est un énorme progrès ! », s'enthousiasme-t-elle.
Rendre l'événement attractif
Les efforts de la FFH pour promouvoir l'événement, et plus globalement la pratique du handisport, se sont-ils avérés payants ? En effet, les billets tout public sont gratuits, tandis que de nombreuses animations regroupées dans un village associatif dans le « ventre » du stade sont proposées durant les deux jours de compétition. Pris d'assaut par les enfants et leurs encadrants, ces stands permettent de découvrir de nombreuses activités adaptées, comme le basket fauteuil, le badminton, le ping-pong... « Les enfants sont réceptifs, à condition de leur mettre le pied à l'étrier », explique Stéphane Marty, professeur des écoles à l'école des Belles feuilles à Paris. Lui a fait le déplacement avec ses élèves de CM2 qui ont suivi, en classe, une leçon sur « les JO au cours du temps et notamment l'apparition des premiers Jeux paralympiques ». « Voir ces compétitions 'en vrai' permet de rendre cet apprentissage plus concret », affirme l'enseignant.
Un accompagnement tout confort
Derrière le stade, le centre d'entraînement et de soins, où les athlètes sont choyés. Le docteur Frédéric Rusakiewicz, médecin du sport et de rééducation, les accueille dans cet espace « qui ressemble un peu à un cabinet médical », « pour répondre, dit-il, à leurs difficultés, leurs questions, leurs blessures ». Doté de dispositifs innovants et dernier cri prêtés par une entreprise biomédicale partenaire -un échographe de pointe, de l'électrostimulation, de la pressothérapie, des ultrasons…-, ce centre doit apporter un accompagnement « spécifique », adapté à la pratique du handisport. « C'est important parce qu'on sait que ce sont des sportifs en situation de handicap, qui peuvent avoir des complications (digestives, urinaires…), avec une répercussion majeure sur leur qualité de vie et limiter leur accès à la pratique sportive », précise le médecin. Autre singularité de ce cabinet, les professionnels de santé sont polyglottes afin d'y accueillir toutes les nationalités. « L'anglais, c'est la base, détaille Frédéric Rusakiewicz. L'allemand et l'espagnol, clairement un plus ! » Un joyeux brouhaha multilingue qui donnerait presque l'impression que l'heure des Jeux a sonné. Allez, encore deux ans à patienter !