« Emploi et handicap » annoncé comme Grande cause régionale en Ile-de-France en 2016 (article en lien ci-dessous) par le nouvel exécutif mené par sa présidente, Valérie Pécresse (Les Républicains). Au bout de neuf mois, quoi de neuf dans ce paysage sinistré ? En Ile-de-France aujourd'hui, un peu plus de 50 000 personnes handicapées sont sans emploi. Et seuls 20% des établissements franciliens respectent l'obligation d'au moins 6% de travailleurs handicapés contre 31% en moyenne en France.
L'APF monte au créneau
C'est donc la question que se pose Claude Boulanger, responsable du Conseil APF (Association des paralysés de France) Ile-de-France (interview en lien ci-dessous). Parce qu'il affirmait ne rien voir venir, il s'est fendu d'un communiqué pour alerter la presse et demander un rendez-vous urgent avec Valérie Pécresse pour avoir, enfin, « l'occasion de discuter ». Plus que le fond du programme -de son aveu, certaines propositions sont bonnes-, il conteste la forme, c'est-à-dire le manque de concertation. Selon lui, « Neuf mois qu'on nous parle de grande cause sans les acteurs concernés ! ». Et de s'inquiéter de la capacité des équipes à boucler, sur les trois mois restants, ce qui avait été envisagé sur une année, sans que le budget de cette grande cause ne soit, selon lui, vraiment défini.
La réponse du Conseil régional
Pierre Deniziot, délégué en charge du handicap au sein du Conseil régional IDF, lui-même en situation de handicap, affirme de son côté que ses équipes n'ont pas chômé. Tout comme Paris ne n'est pas fait en un jour, il faudra certainement plus d'un an à l'Ile-de-France pour mettre en place une politique emploi et handicap que cet élu des Hauts-de-Seine prétend « ambitieuse » et surtout « pérenne ». « 2016, c'est un début mais il est bien évident que cela ne s'arrêtera pas au 31 décembre. Jusqu'à maintenant, nos prédécesseurs avaient privilégié l'option « caritative » sur ce sujet et peu de choses ont été mises en place avec tous les partenaires. Nous comptons y remédier. » Et d'énumérer les actions en cours, qui s'inscrivent dans la durée puisque l'une d'entre elle concerne les lycéens, aussi bien en termes d'accessibilité des bâtiments que d'accompagnement dans les études. 350 millions seront ainsi été débloqués.
Des actions en cours…
Le Conseil régional mène également un travail pour rendre les CFA (Centre de formation des apprentis) plus « handi-accueillants », afin de porter le taux d'apprentis en situation de handicap, aujourd'hui de 0,5%, à 2%. D'autres chantiers, et notamment des conventions signées avec l'Agefiph avec l'objectif de se montrer « exemplaire » selon monsieur Deniziot et de faire passer le taux d'emploi de travailleurs handicapés au sein du Conseil régional IDF de 3,29% à 6% avant la fin de ce mandat (2021). Et puis un soutien apporté aux entreprises qui développent leur politique d'embauche envers ce public. Un plan impliquant la région, les associations et les collectivités subventionnées prévoit par ailleurs d'accompagner les personnes handicapées en recherche de stage.
Conseil consultatif du handicap dans les limbes ?
L'autre point litigieux portait sur le fait que le mandat du Conseil consultatif du handicap n'a pas été renouvelé depuis le 1er janvier 2016. « Pour une année de grande cause régionale, ça fait désordre, s'étonne Claude Boulanger. » C'est au sein de cette instance régionale mise en place par l'ancienne équipe socialiste que furent proposés par les 34 membres de cette assemblée, (17 représentants associatifs et 17 personnalités qualifiées) un certain nombre de projets. Pierre Deniziot rétorque que « la Région a voulu se donner du temps pour rencontrer un maximum d'associations, en élargissant la question à d'autres formes de handicap, comme le handicap cognitif. » Une centaine au total ! « Jamais autant auparavant », selon lui. L'APF n'est pourtant pas sur sa liste ; « Elle n'a jamais demandé à me voir. »
CCH nommé avant novembre
Le Conseil régional affirme donc être en pleine phase de concertation ; « Suite à ce large tour de table, nous déclinerons les actions sur le terrain et le Conseil consultatif du handicap sera évidemment mis à contribution ». Pierre Deniziot promet la nomination du nouveau CCH avant novembre 2016 en prévision de l'Agenda 22 (article en lien ci-dessous), nom de la politique engagée, sous la mandature socialiste, en faveur du handicap par la région Ile-de-France, en référence aux 22 règles standard sur l'égalité des chances des personnes handicapées adoptées par l'ONU en 1993. L'élu francilien promet un « changement radical » sur la question de l'emploi des personnes handicapées, avec un « vrai portage politique » et assure qu'un mandat suffira pour obtenir des résultats.
Un règlement de compte politique ?
Quitte à mobiliser d'autres entités qui « n'avaient jamais été sollicitées sur ce sujet auparavant », à l'instar de l'ARF (Association des régions de France) ou de la DGEFP (Délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle). Dans ce but, une lettre a également été adressée aux 1 281 maires franciliens pour les encourager à promouvoir l'apprentissage en prenant en stage, au sein de leur collectivité, des jeunes en situation de handicap. Cet engagement avait fait l'objet d'une information en ouverture du Salon des maires de France en mars 2016. Fort de ce bilan et des actions en cours, Pierre Deniziot se dit « attristé » par les méthodes de Claude Boulanger car « l'objectif n'est pas de faire cavalier seul et il est très facile de me rencontrer. J'espère que ce n'est pas un règlement de compte politique dans la mesure où ce monsieur était sur une liste d'opposition. » De bonnes bases pour un partenariat constructif ?