En Inde, les femmes atteintes de handicap intellectuel ou de troubles mentaux sont très souvent internées dans des institutions où elles sont victimes de maltraitances en tout genre, y compris sexuelles, et "moins bien traitées que les animaux", selon un rapport d'une ONG publié le 3 décembre 2014.
Violence sexuelle
Les établissements publics qui les accueillent sont le plus souvent surpeuplées et manquent d'équipements de base dans un pays où les personnes souffrant de déficience intellectuelle sont "ridiculisés, craints et stigmatisés", indique Human Rights Watch (HRW). "Une fois enfermées, elles sont souvent confrontées à l'isolement, la peur et les abus, sans espoir de s'échapper", estime Kriti Sharma, auteure du rapport. "Les femmes et les filles handicapées sont confrontées à des difficultés comme la violence sexuelle ou le refus d'accès à la médecine de la reproduction, ce qui n'est pas le cas des hommes".
Un rapport accablant
Le rapport intitulé "Moins bien traitées que les animaux" s'appuie sur 52 entretiens avec des femmes ou des filles vivant ou ayant vécu dans des institutions ainsi que sur 150 entretiens avec des membres de leur famille ou de médecins. "La personne qui me dépose à l'école me tape. Elle me tape aussi ici (au sein même de l'institution, ndlr). Elle me frappe durement de la main", raconte une petite fille de 11 ans citée dans le rapport. "Quand elle me tape, j'ai envie de pleurer et je suis triste. J'ai aussi
envie de pleurer à l'école. Je veux partir d'ici".
1,5 million de déficients intellectuels
1,5 million de personnes souffrent de déficience intellectuelle en Inde, comme la trisomie 21, tandis qu'un peu plus de 700 000 ont des troubles mentaux comme la bipolarité, selon des statistiques officielles. Pour les experts, ces chiffres sont étonnement bas pour la deuxième population mondiale, de nombreuses maladies n'étant jamais diagnostiquées. Vilas Bhailume, responsable de l'hôpital psychiatrique de Pune (sud), estime que la surpopulation des établissements est un grave problème. "Nous n'avons que 100 toilettes pour plus de 1 850 patients dont seulement 25 fonctionnent. Les autres sont bouchés. Déféquer en plein air est la norme", déclare-t-il dans le rapport.
Abandonnées par leurs proches
Les femmes atteintes de troubles tels que la schizophrénie sont fréquemment internées contre leur gré par leur famille ou leur tuteur, pratique pourtant illégale en Inde. "Les proches se débarrassent des patients à l'hôpital. Ils laissent de fausses adresse et numéros de téléphone sur les formulaires d'enregistrement et nous ne pouvons alors plus les contacter", raconte une infirmière de l'hôpital de Pune. Selon HRW, le programme pour la santé mentale de 1982, visant à fournir des services communautaires est peu productif et peu encadré. Selon Sharma, nombre de patientes ne pensent qu'à quitter leur établissement. "L'internement à long terme de femmes et filles handicapées n'est simplement pas la bonne réponse", dit-elle.