Des infirmiers hyper compétents pour pallier la pénurie de médecins et assurer le suivi des patients, c'est l'ambition du métier d'infirmier en pratique avancée (IPA) qui a vu le jour en 2018 (article en lien ci-dessous). Nouvelle étape le 27 juillet 2022 avec la signature* de l'avenant n°9 à la Convention nationale des infirmiers libéraux qui vise « à promouvoir l'exercice libéral des infirmiers en pratique avancée ». Il entrera en vigueur au lendemain de sa publication au Journal officiel, prévue fin septembre/début octobre 2022.
Des évolutions significatives
Cet amendement propose une « évolution significative du modèle de rémunération des IPA dans le but de favoriser le déploiement de cette nouvelle profession en ville et de contribuer à l'amélioration de l'offre de soins sur les territoires », selon l'Assurance maladie. Ainsi, cet accord revalorise de plus de 20 % les forfaits de prise en charge existants pour les patients confiés par le médecin au titre d'un suivi régulier et permet, dorénavant, la prise en charge ponctuelle de nouveaux patients, à la demande du professionnel de santé. Des forfaits sont également fixés selon le type de patient. De plus, l'aide prévue pour le démarrage de l'activité en libéral est également étendue à tous les IPA ; son montant, en cas d'installation en zone en sous-densité médicale, a été augmenté (porté à 40 000 euros). L'accord prévoit enfin une aide mensuelle qui sera versée au tuteur IPA lorsqu'il accueille un stagiaire infirmier étudiant en pratique avancée.
Réactions diverses
Le Sniil (Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux), après des « débuts difficiles », y voit « des signaux positifs » avec une « reconnaissance de la pratique avancée ». Convergence Infirmière exprime sa « pleine satisfaction » tandis que l'UNIPA (Union nationale des infirmiers en pratique avancée) constate certaines avancées mais déplore « un manque de courage », regrettant que ces mesures « en demi-teinte » ne permettent pas de déployer et pérenniser pleinement le modèle de la pratique avancée dans un contexte de pénurie d'accès au soin et d'une demande croissante des usagers de santé. La situation des IPA sera réévaluée dans dix-huit mois, afin de réajuster des éléments en cas de besoin.
L'infirmier en pratique avancée, c'est quoi ?
Destiné à répondre aux enjeux qui pèsent sur notre système de santé (vieillissement de la population, augmentation du nombre de malades chroniques, virage ambulatoire…), l'IPA participe notamment en ville à la prise en charge globale des patients atteints de certaines maladies chroniques dont le suivi lui a été confié par un médecin. Il dispose de compétences élargies par rapport à celles de l'infirmier. Il permet ainsi de soutenir des médecins dans la prise en charge de patients atteints de pathologies ciblées et d'améliorer l'accès aux soins notamment dans les déserts médicaux.
D'autres mesures pour les infirmiers libéraux
En parallèle, cet avenant 9 offre la possibilité pour les infirmiers de recourir au télésoin (amélioration de la surveillance à distance des pansements en particulier) et de requérir une téléexpertise auprès d'un professionnel médical. Toutefois, le Sniil regrette que les arrêtés ne permettent pas la téléexpertise entre pairs ou entre professionnels non médicaux mais « seulement une expertise par un spécialiste médical sur une question circonscrite ou l'exposition d'une situation complexe ». Enfin, les actes de vaccination sont également revalorisés, avec un régime plus favorable (facturation à taux plein et en sus des autres actes) lorsqu'ils sont réalisés au domicile.
* Par l'Union nationale des caisses d'Assurance maladie (Uncam) et l'ensemble des syndicats représentatifs de la profession, la Fédération nationale des infirmiers (FNI), le Syndicat national des infirmières et des infirmiers libéraux (SNIIL) et Convergence infirmière (CI)