« J'ai honte de vous voir avec ce monstre que vous avez créé ». « Comment osez-vous le mettre à l'école normale ? ». « Mon fils m'a dit que votre fils avait des couches. Vous n'avez pas honte ? ». « Heureusement qu'il n'est pas sur la photo de l'école car il gâcherait tout ».
A l'école 2h par semaine
Elodie n'en revient toujours pas du déchaînement de violence dont elle a été victime de la part d'une inconnue qui, fin décembre 2015, la relance à plusieurs reprises avec des messages privés, anonymes et haineux. Son tort ? Etre la maman de Mathis, un petit garçon de 3 ans avec des troubles autistiques scolarisé en école ordinaire dans l'Aude, seulement deux heures par semaine faute d'assistante de vie scolaire. Sa harceleuse reproche, entre autre, à son fils de ne pas être propre et d'avoir donc bénéficié d'une « faveur ». Elodie alerte le directeur d'école qui lui apporte son soutien : « C'est très isolé comme remarque car la majorité des personnes ont un regard bienveillant sur Mathis. Les enfants handicapés ont toute leur place à l'école. ».
L'injure pourtant punie par la loi
Pour tenter de confondre l'auteure des messages, une dénommée Sandrine, Elodie alerte ensuite la gendarmerie qui dit ne pas pouvoir enregistrer sa plainte faute de « menace de mort » réelle. L'injure, même dans un cadre privé, est pourtant punie par la loi. Contactée par francetv info, la gendarmerie refuse de communiquer. Les messages continuent d'affluer. Le maire se montrant aussi inefficace, Elodie décide alors de porter l'affaire au grand jour en ouvrant, mi-janvier, une page Facebook « Pour que Mathis ait droit au même respect que les enfants ordinaires ». Elle reçoit, cette fois-ci, le soutien de nombreux internautes. Plus de 200 en deux heures. Les menaces cessent. La page Facebook a, depuis, été supprimée.
Pas une attitude isolée
Elodie explique, sur RMC, avoir voulu « partager » son « combat, sensibiliser les gens sur l'autisme, les aider à comprendre ce que c'est et montrer ce à quoi on fait face ». Même si les propos de la harceleuse peuvent sembler extrêmes, et laissent peut-être imaginer une personnalité perturbée, de nombreux parents témoignent de situations d'incompréhension ou de rejet envers ces enfants différents. Selon Marie-Anne, maman d'une petite fille autiste : « On m'a déjà dit : « Un enfant comme le vôtre, vous devriez le laisser à la maison ». Sur sa page, Elodie a reçu des commentaires qui vont dans ce sens, et notamment celui d'une maman qui lui confie qu'elle avoir été menacée par ses voisins.
Les petites et grandes « lâchetés » des réseaux sociaux
En novembre 2015 déjà, Donwar, un jeune youtuber IMC (infirme moteur cérébral) avait, lui aussi, décidé de compiler les messages d'insultes laissés sur le Net sous ses jeux vidéo (article en lien-dessous) ; des commentaires sur son handicap gratuits, stupides et blessants. Les petites et grandes « lâchetés » des réseaux sociaux ? Sous couvert d'anonymat, les doigts se délient, la vilenie aussi… C'est dans cette optique que l'ADAPT, une association de personnes handicapées, lançait, en décembre 2015, une campagne nationale (article en lien ci-dessous). Son slogan ? Kill la bêtise, pour en découdre avec les stéréotypes sur les personnes handicapées… Et pourquoi pas tenter d'éduquer les cons ?
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