Comment promouvoir l'emploi des personnes handicapées dans l'intérim ? Le 24 septembre 2019, deux ministres (Muriel Pénicaud, Travail, et Sophie Cluzel, Handicap) ont apposé leur paraphe sur une charte signée avec une dizaine d'acteurs (dont Pôle Emploi, l'Agefiph…) et la branche professionnelle de l'intérim représentée par Prism'emploi, avec l'objectif de favoriser leur emploi dans le secteur du travail temporaire. Ce levier vise à permettre d'atteindre le quota de 6 % ; les salariés intérimaires sont en effet comptabilisés dans l'effectif de l'entreprise au prorata de leur mission au même titre que leurs collègues permanents. Une première charte en ce sens avait déjà été signée en septembre 2018 avec Prism'emploi, représentant 600 entreprises de travail temporaire (article en lien ci-dessous), qui, à l'époque « souhaitait démarrer 2019 avec une formidable énergie sur le sujet ». Un an plus tard, une nouvelle pierre à l'édifice ?
Un accompagnement sur mesure
Cette convention cadre favorise la formation, l'accès à l'emploi et la sécurisation des parcours. Pour la première fois, les acteurs s'organisent entre eux et ce n'est donc plus à la personne en situation de handicap de faire le lien. Elle prévoit des engagements concrets, par exemple permettre l'identification des besoins de compétences des entreprises clientes tout comme celle des candidats en situation de handicap. Elle entend ainsi « promouvoir de nouvelles modalités de recrutement favorables » et « optimiser son processus », et devrait également permettre de « mobiliser les aides et prestations nécessaires ». Un autre objectif vise à développer des filières métiers du placement en Entreprise adaptée, notamment via l'expérimentation EATT (Entreprise adaptée de travail temporaire) qui a vu officiellement le jour en avril 2019 (article en lien ci-dessous). C'est également l'accès à la formation professionnelle et à l'alternance qui est cœur des préoccupations. Enfin, le charte prévoit d'assurer le suivi de la mission d'intérim et d'en préparer la sortie en accompagnant la personne tout au long de son parcours d'emploi.
Pour plus d'efficacité, cette convention cadre doit être déclinée au niveau territorial par les réseaux respectifs de tous les signataires. 10 000 agences d'emploi en France sont ainsi invitées à « contribuer à cette dynamique ». Au moins deux fois par an, un comité national de suivi doit se réunir pour en mesurer les effets.
Intérim, quel intérêt ?
Le travail intérimaire offre une « double opportunité », selon le gouvernement ; « les missions d'intérim permettent de donner aux personnes handicapées une vision concrète de l'environnement de travail et des adaptations nécessaires mais également à l'entreprise d'apprécier les compétences des intérimaires, leurs aptitudes et leurs atouts », affirme-t-il dans un communiqué. Pour amplifier son action en direction des travailleurs en situation de handicap, la branche du travail temporaire peut désormais s'appuyer sur une innovation introduite par la loi « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel » à titre expérimental, dont se « réjouit » Gilles Lafon, président de Prism'emploi : l'entreprise utilisatrice peut ainsi recruter un salarié intérimaire handicapé, au motif, précisément, qu'il est en situation de handicap alors qu'elle devait auparavant justifier des cas de recours classiques, à savoir le remplacement d'un salarié absent ou un surcroît temporaire d'activité. Dans un communiqué, la profession promet de « mobiliser ses forces vives » via des « coopérations efficaces avec tous les interlocuteurs concernés. »