71 % des Français sont amateurs de jeux vidéo. Toutes les tranches d'âge, tous les profils sont concernés. Enfin, presque tous... Les « gamers » en situation de handicap sont rarement « aux manettes ». Le baromètre réalisé de février à juin 2020 par Be player one, startup spécialisée dans ce domaine, auprès de 331 participants (en lien ci-dessous), souhaite leur donner la possibilité d'exprimer leurs attentes, leurs frustrations et les obstacles qui freinent l'accès à ce e-sport plus populaire que jamais en période de confinement. Cette étude vise également à informer les professionnels de l'industrie des problématiques concrètes de ces joueurs à besoins spécifiques. Leur message ? « Nous sommes là, nous sommes des millions et nous voulons jouer ! »
L'ordinateur a toujours la cote
Principale source de motivation ? « S'amuser tout simplement » mais aussi créer, construire et s'évader. Premier constat : la plateforme de prédilection varie en fonction du type de handicap. Si les joueurs avec un handicap moteur, visuel, cognitif ou intellectuel optent majoritairement pour l'ordinateur, ceux ayant un handicap auditif lui préfèrent la console. A noter que les personnes déficientes visuelles utilisent massivement le téléphone portable, comme la majorité de la population française. « J'ai mal aux mains à cause des boutons, notamment ceux qui m'obligent à écarter les doigts ou les gâchettes situées au-dessus de la manette », déplore un joueur tandis qu'un autre regrette que « certaines consoles portables soient trop lourdes et difficiles à tenir ».
Manque d'accessibilité et de matériel adapté
Pour 69 % des personnes interrogées, le handicap est un frein partiel dans l'accès aux jeux vidéo et pour 22 % un « obstacle totalement bloquant ». Principales barrières ? Le manque d'accessibilité des jeux mais aussi d'informations sur les fonctions et le matériel adaptés. Deux personnes sur trois affirment qu'elles joueraient davantage dans le cas contraire. Celles avec un handicap visuel ont l'opinion « la plus négative », 60 % considérant l'accessibilité « insuffisante » et 22 % « inexistante ». « Je veux jouer aux mêmes jeux que mes amis voyants », réclame l'une d'elles, se heurtant notamment au manque, voire à l'absence, de sous-titres et aux « règles de base en matière de perception des couleurs non respectées par les développeurs ». Résultat, un niveau de frustration « très élevé », qui atteint son paroxysme après l'achat de jeux auxquels il est finalement impossible de jouer.
Ni sensibilisation ni considération
Pour la majorité des répondants, les éditeurs ne sont pas sensibilisés aux handicaps (34 %) ou ne sont tout simplement pas intéressés (28 %). Seuls 18 % constatent des « efforts ». « Ils ont ce qu'il faut pour rendre la plupart des jeux accessibles mais les entreprises doivent considérer cela comme une option rentable », estime l'un d'eux tandis qu'un autre appelle à « plus de considération de la part des créateurs ». Pour changer la donne, plusieurs pistes d'amélioration sont envisagées. La première ? Faire tester les jeux par des joueurs professionnels en situation de handicap mais aussi publier les fonctions d'accessibilité, pour chaque type de handicap, sur Internet ou directement sur les boîtiers des jeux. Les handi-gamers exhortent également les éditeurs à solliciter des spécialistes de l'accessibilité des jeux et à développer des bonnes pratiques et référentiels sur le sujet. Nombre de personnes interrogées demandent, par ailleurs, à être consultées pour favoriser une accessibilité optimale.
Un évènement pour fédérer
La frustration et le constat amer d'un manque de solutions ont conduit Maxime Viry qui, avec un handicap moteur, s'est retrouvé dans l'incapacité de s'adonner à sa passion à créer Be player one. Cette startup propose des aides techniques adaptées à tous (logiciels de reconnaissance vocale, faciale, poursuite oculaire, joysticks, souris et claviers adaptés...), sensibilise et accompagne les professionnels du secteur. Le 12 décembre 2020, elle organisait le premier MixiT game day, un événement national sur la thématique « handicap et jeux vidéo », retransmise sur Twitch, service de streaming qui diffuse des parties en direct. Au programme : conférences, interviews, tournois inclusifs... L'occasion de se divertir ensemble, avec un handicap ou non, mais aussi de mettre en lumière les gamers handicapés et la nécessité de « concevoir accessible ».