Yann Jondot, paraplégique depuis ses 22 ans, n'a pas peur des défis de taille. Le 20 octobre 2017, cet élu breton, maire de Langoëlan (Morbihan) s'est lancé dans l'ascension du Kilimandjaro, entouré d'une dizaine de personnes. Surnommé le « toit de l'Afrique » du haut de ses 5 800 mètres d'altitude, le Kilimandjaro, situé en Tanzanie, requiert habituellement trois ou quatre jours pour arriver à son sommet. Yann devrait y arriver en six jours. La descente, elle, s'effectuera d'une traite, pour ne pas avoir à rester trop longtemps au sommet. Sur Twitter, cette initiative a été pour le moment saluée par Sophie Cluzel, secrétaire d'État en charge du handicap.
Six jours en chaise adaptée
Pour réaliser cette performance, le sportif compte dans son équipe Arnaud Chassery, explorateur et aventurier connu pour avoir accompagné Philippe Croizon dans son projet « Nager au-delà des frontières », qui consistait à relier les cinq continents à la nage. « Aujourd'hui le projet est de monter Yann en haut du Kilimandjaro à l'aide d'une joëlette, une chaise adaptée », explique le nageur au journal l'Yonne républicaine. S'il est surtout connu pour ses performances en natation, Arnaud Chassery est aussi un alpiniste expérimenté. « J'avais participé à la préparation d'une première ascension du Kilimandjaro, en 2013, sans pouvoir y prendre part. L'équipe m'a recontacté en juin pour cette nouvelle aventure », poursuit-il.
La grimpe, une action politique
Pour les deux sportifs, la visée de cet exploit n'est pas que physique : Yann Jondot souhaite porter un message au Président de la République pour « défendre l'accessibilité des lieux publics ». Les coéquipiers ont par ailleurs réalisé un livre blanc qu'ils comptent lui porter avant décembre 2017. Celui-ci comporte des propositions pour « remettre sur le devant de la scène la loi handicap de 2005 ». Dans ce document, les auteurs demandent également qu'une partie de l'enveloppe parlementaire soit versée aux mairies afin que celles-ci puissent financer leurs travaux d'accessibilité. Pour créer, par exemple, un label accessibilité et faire en sorte que des communes puissent afficher des panneaux « villes accessibles » comme il en existe pour attester des « villes fleuries ». Le nom de l'ensemble du projet ? Un sommet pour une rampe.
Soutien financier et film à la clé
Sur les 50 000 euros prévus pour le budget de l'expédition, une partie est par ailleurs réserver au soutien financier d'associations locales en lien avec le handicap. Un don de matériel sera également effectué auprès d'un centre de rééducation. Autre projet en lien avec l'expédition : la réalisation d'un film qui sera tourné par une équipe d'AB Productions. Et Arnaud Chassery de conclure : « On ne veut pas juste faire l'ascension et repartir. Il s'agit de participer au changement de mentalité et de perception du handicap ».
© Un sommet pour une rampe / Facebook / Twitter