Avis aux chefs d'entreprises ! Comment connaître le niveau d'exposition de ses salariés aux principales vulnérabilités ? C'est l'enjeu de la Calculette des vulnérabilités ! Handicaps, maladies chroniques, troubles musculo-squelettiques (TMS), addictions, souffrance liée à des deuils, aidance familiale, troubles « dys »... « Issu d'un travail cartographique réalisé avec nos membres, cet algorithme couvre aujourd'hui 17 familles de vulnérabilités », explique Thierry Calvat, sociologue, co-fondateur du Cercle vulnérabilités et société et président de Juris santé.
« Cet outil novateur offre gratuitement aux décideurs la possibilité de réaliser un audit flash dont la volumétrie pourra être affinée dans une perspective d'amélioration du bien-être au travail mais aussi d'optimisation de la productivité », poursuit-il. Une démarche gagnant-gagnant !
Comment utiliser la Calculette des vulnérabilités ?
Pour ce faire, il suffit de se rendre sur le site calculette.vulnerabilites-societe.fr, puis de choisir parmi trois modes de calcul : « global », « femmes/hommes », « femmes/hommes et âges ». Une fois ces champs renseignés, la calculette propose une synthèse des résultats. Par exemple, pour une organisation regroupant 125 personnes, le taux d'exposition est de l'ordre de 3,12, ce qui signifie que chaque salarié est susceptible d'être confronté à 3,12 situations de vulnérabilités, celles-ci pouvant être uniques ou cumulées. Comment est calculé ce taux ? Si l'on choisit le premier « mode », il est égal à la somme des effectifs susceptibles d'être concernés par les vulnérabilités divisé par l'effectif global.
Un modèle de cartographie sur les compétences issues de l'aidance
Créé en 2018, le Cercle vulnérabilités et société s'est d'abord intéressé aux proches aidants, et notamment à leurs problématiques dans l'emploi. Comment jongler entre les exigences de la vie professionnelle et celle d'une vie personnelle fortement perturbée par la prise en compte d'un parent âgé et malade, d'un enfant avec un trouble du spectre de l'autisme (TSA) ou d'un conjoint souffrant d'addictions ? « Nous avons mené un travail concret et opérationnel qui a abouti à l'élaboration d'une cartographie pour identifier les nombreuses compétences issues de l'aidance, indique Thierry Calvat. Et ce modèle fait aujourd'hui référence pour bien d'autres vulnérabilités rencontrées dans le collectif de travail. »
25 millions d'actifs avec des compétences particulières
Pourquoi un tel focus sur la vulnérabilité ? « Parce que nous sommes tous concernés à plus ou moins brève échéance, martèle Thierry Calvat. Si l'on cumule toutes les vulnérabilités, nous atteignons facilement un collectif de travail de plus de 25 millions d'actifs avec un savoir expérientiel à mettre aussi en valeur ! » Mais faut-il encore que l'entreprise, certes métissée d'un nombre conséquent de ces vulnérabilités, soit à même de les identifier. « La plupart des décideurs ont connaissance des données sur les vulnérabilités régulièrement publiées dans le cadre d'études de référence par Santé publique France, la Drees, la Haute autorité de santé (HAS) ou d'autres organismes, observe Thierry Calvat. Mais qu'en est-il de ces données dans le microcosme de leur propre entreprise ? Comment envisager une forme de pilotage sur des problématiques parfois très présentes au sein du collectif de travail (cancer, troubles dys...) en l'absence d'une vision précise de la situation de son entreprise quant aux vulnérabilités qu'elle abrite ? »
Inventer des dispositifs pour créer un cercle vertueux
« Reste à l'entreprise – en fonction bien sûr de sa taille et de ses moyens –, à entamer, voire réajuster, ses actions au regard des résultats obtenus par ladite calculette et/ou inventer des dispositifs à même de créer un cercle vertueux qui pollinise toute sa structure interne », exhorte Thierry Calvat. La mise en place de réseaux de soutien entre pairs ayant vécu des expériences identiques peut être un moyen pour soutenir et renforcer les actions proposées par les directions des ressources humaines, les médecins du travail et les managers. Et, même si, depuis quelques mois, le télétravail voit sa cote de popularité baisser, les dirigeants, soucieux de valoriser les compétences de tous, pourront, par exemple, « repenser » aussi les nouveaux espaces de travail (open ou flex office, coworking...) particulièrement difficiles à vivre pour les salariés les plus sensibles au bruit et à la promiscuité (profils neuro-atypiques ou neurodivergents).
Potentialiser toutes les forces au sein du collectif de travail
« L'entreprise a longtemps nié les vulnérabilités au sein de son collectif, prônant un discours de l'efficience qui laissait peu de place à certains salariés confrontés à toutes sortes de difficultés, conclut Thierry Calvat. Il y a aujourd'hui une assertion assez partagée sur les forces de la vulnérabilité. Pour autant, ce constat a encore beaucoup de peine à être exploité au quotidien dans la vie de l'entreprise qui doit aussi se donner les moyens pour faire de la vulnérabilité un levier de développement économique et social. » Aussi, une organisation, soucieuse d'une vraie politique RSE, aura soin d'inventer de nouveaux modèles à même d'accompagner ces employés qui, trop souvent encore, taisent leurs différences et leurs fragilités par crainte d'être bannis du monde du travail. Mieux encore : elle s'attachera à potentialiser des forces jusqu'alors ignorées, voire perçues comme des faiblesses !
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