Les enfants en situation de handicap âgés de moins de 6 ans vivent deux fois plus fréquemment que les autres enfants avec un seul de leurs parents (26 % contre 13 %). Dans 93 % des cas, il s'agit de leur mère qui, bien souvent, est éloignée de l'emploi. La part de mères inactives ou au chômage est ainsi deux fois plus élevée (60 % contre 30 %).
Un état des lieux des modes de garde
C'est ce que révèle le rapport annuel de l'Observatoire national de la petite enfance (Onape), publié sur caf.fr en décembre 2024. Ces résultats s'appuient sur l'enquête n°1286 de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques), diffusée en décembre 2023. Objectif ? Analyser les modes de garde et le profil des parents des 47 000 enfants âgés de moins de 6 ans bénéficiant de l'Allocation d'éducation de l'enfant handicapé (AEEH) en France métropolitaine en 2021.
A qui les familles confient-ils leurs enfants ? Combien de places en crèches sont disponibles ? Dans la perspective de la mise en place du service public de la petite enfance, prévue à partir de janvier 2025, l'Onape souhaite livrer « les données de référence » dans un rapport détaillé de 68 pages. Elles sont réparties en 15 fiches sur quatre thématiques : le portrait démographique des enfants, les usages des modes de garde, l'offre d'accueil formel et les financements. Cette année, il comporte un chapitre sur l'accueil des enfants en situation de handicap.
Les assistantes maternelles peu sollicitées
Entre 0 et 3 ans, ils sont beaucoup plus souvent gardés « à titre principal » – autrement dit la majeure partie du temps en journée en semaine – par leurs parents que les autres (78 % contre 56 %). « Ils le sont moins souvent de façon exclusive mais sur des temps plus longs », précise l'étude. Concernant l'inclusion en structure collective ou individuelle, l'accueil en crèche au moins une fois par semaine est aussi répandu, en revanche il l'est deux fois moins chez une assistante maternelle. Dans les deux cas, les temps d'accueil sont en moyenne beaucoup plus courts. « Le manque de formation, la peur de mal faire mais aussi la charge de travail supplémentaire conjugués à un accueil plus souvent à temps partiel entraînant un manque à gagner seraient les principaux freins à l'accueil par une assistante maternelle », confirme le rapport.
Un recours aux structures spécialisées pour 3 enfants sur 10
Pour répondre à leurs besoins spécifiques, 31 % des enfants handicapés de moins de 3 ans sont pris en charge au moins une fois par semaine dans une structure spécialisée (centres d'action médico-sociale précoce, services d'éducation spéciale et de soins à domicile, centres médico-psycho-pédagogiques, hôpitaux de jour...). Ils y passent en moyenne trois heures par semaine.
Des parents moins satisfaits de leur garde
En outre, les parents qui assurent la garde principale de leur enfant en situation de handicap -même quand c'était leur premier choix- se déclarent moins souvent « satisfaits » des conditions que les autres (70 % contre 82 %). « Ces écarts suggèrent que la garde parentale pourrait être moins bien vécue quand l'enfant est en situation de handicap, peut-être parce qu'elle s'inscrit davantage dans la durée et dans l'intensité, puisqu'elle mobilise les familles sur des temps plus longs au cours de la semaine et jusqu'à des âges plus élevés. Cette moindre satisfaction pourrait aussi refléter des attentes déçues en matière d'inclusion dans les autres modes de garde », envisagent les auteurs de l'enquête. Par ailleurs, ces parents assurent plus fréquemment la garde en dehors des temps d'école, les mercredis et les samedis.
Des enfants moins présents à l'école
Autres faits notables de l'enquête (qui ne sont pas relayés dans le rapport de l'Onape) : à 3 ans, la scolarisation est moins fréquente pour les enfants handicapés (78 % contre 98 %). Entre 4 et 5 ans, elle est généralisée, et les écarts sont nettement moins marqués (97 % contre 99 %). « Toutefois, quel que soit leur âge, ces jeunes passent en moyenne moins de temps à l'école maternelle que la durée d'enseignement hebdomadaire de 24 heures », probablement en raison de la nécessité d'un suivi médicosocial, précise l'étude.
Mêmes constats pour les jeunes handicapés non diagnostiqués
« En élargissant le champ du handicap aux enfants présentant un ou plusieurs des critères de handicap mesurés dans l'enquête (limitations dans la vie quotidienne, besoins particuliers ou difficultés dans les échanges) mais sans reconnaissance administrative, il apparaît que les familles concernées présentent des organisations semblables à celles vivant avec un enfant bénéficiaire de l'AEEH, mais avec des écarts moins marqués lorsqu'on les compare aux organisations des autres familles », conclut l'étude.
© Stocklib Tatiana Dyuvbanova