Un panneau " ville accessible " volera bientôt la vedette à la pancarte " ville fleurie " ! Cette idée a promu Yann Jondot " Ambassadeur des ambassadeurs de l'accessibilité ". Une sorte de pourvoyeur des villes infranchissables pour les personnes handicapées. Ce titre " chevaleresque " lui a été remis par Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées, fin octobre 2018. Le maire paraplégique de Langoëlan, petite commune du Morbihan, a entamé son road trip breton pour délivrer un label mesurant l'accessibilité des collectivités locales aux personnes à mobilité réduite (PMR).
Un classement de A à C
Gare aux mauvaises notes ! Les bâtiments publics sont scrutés à la loupe. S'ils sont accessibles, la commune recevra un A, les moins bons élèves obtiendront un C. Saint-Gonnéry, première ville à avoir passé le test, a décroché un B. " Il m'en reste 523 !, plaisantait Yann Jondot au premier jour de sa tournée départementale. Le véritable ambassadeur du territoire pour l'accessibilité est bien le maire, et c'est sur chacun d'entre eux que je compte m'appuyer. " Il enchaîne les visites. D'autres, depuis, ont obtenu un A. Rien n'arrête cet aventurier, pas même la forêt de Brocéliande dont il a expérimenté l'accessibilité en septembre 2018.
A l'assaut du Kilimandjaro
Mais qu'est-ce que la forêt des légendes comparée aux 5 800 mètres du Kilimandjaro ? En octobre 2017, Yann Jondot franchit " le toit de l'Afrique " pour " défendre l'accessibilité des lieux publics " (article en lien ci-dessous). Après son exploit, ce maire, paraplégique depuis l'âge de 20 ans à la suite d'un accident de moto, est reçu à l'Assemblée nationale, par son président de l'époque, François de Rugy. Il propage ensuite son message au Sénat, où il rencontre son président, Gérard Larcher, et jusqu'à Matignon lors d'un échange avec Sophie Cluzel. Plus qu'une visite de courtoisie, c'est un soutien politique qu'il est venu chercher. Il remet à chacun d'eux un livre blanc, rédigé par les adhérents du Groupe d'entraide mutuelle qui favorise la réinsertion sociale des personnes handicapées.
Trois mesures " accessibles "
Il leur propose également trois mesures " simples, pragmatiques et peu onéreuses en faveur des PMR ". La première : chaque commune doit disposer d'une rampe d'accès amovible, mise à disposition par la mairie en cas de besoin. La seconde : poser une sonnette accessible à tous devant les bâtiments publics lorsque l'accessibilité ne peut être assurée. La troisième : installer une rampe pour que les PMR sans fauteuil roulant puissent gravir les marches. Yann Jondot fait également allusion à son projet d'affichage d'un label à l'entrée des villes pour signaler leur niveau d'adaptation. En théorie, l'accessibilité des ERP (établissements recevant du public) est déjà encadrée par la loi de 2005. Ils devaient tous être aux normes en 2015 mais les " contraintes " et les " coûts élevés " en ont dissuadé plus d'un. Les mesures de Yann Jondot apparaissent alors comme des alternatives financières : " Une sonnette, c'est 50 euros, une rampe, 600. Pour 800 euros, ils peuvent s'équiper ". Son discours séduit Gérard Larcher qui fait du Morbihan le département pilote pour expérimenter ces solutions. La suite, on la connaît...
Les 36 000 communes bientôt accessibles ?
" L'ambassadeur des ambassadeurs est un maire qui assure le portage du dispositif auprès des associations d'élus. Il participe à la formation des ambassadeurs de l'accessibilité ", explique Sophie Cluzel. Ces derniers sont recrutés dans le cadre d'un service civique. Leur rôle : sensibiliser et accompagner les gestionnaires des ERP. " Une nouvelle marche est franchie. Je vais essayer, à travers mes rencontres, de rendre les 36 000 maires de France ambassadeurs de l'accessibilité et de l'inclusion parce qu'ils en ont les compétences et la responsabilité. Il ne faut pas oublier que 12 millions de personnes en France sont en situation de handicap ", conclut Yann Jondot.