C'est un nouveau rêve qui devient réalité pour Philippe Croizon. Monsieur « Tout est possible » a encore frappé. Fascinée par le destin de l'ouvrier métallo devenu nageur/ aventurier/ chroniqueur/ entrepreneur/ conférencier, la réalisatrice à succès Marie-Castille Mention-Schaar a décidé d'en faire un long-métrage, retraçant le « pire et le meilleur » des 55 ans d'existence de ce challengeur récidiviste avec quatre membres en moins mais un paquet de « petits trucs en plus ».
Le jour où sa vie a basculé
C'est en 1994 que sa vie bascule. Le soleil est au zénith. Dans la Vienne, il fait beau, les oiseaux chantent. Philippe Croizon déménage... Alors qu'il monte sur le toit pour décrocher son antenne télé, un arc électrique se forme. 20 000 volts traversent son corps. Durant 20 minutes, il « grille » littéralement sur place. Ses membres sont carbonisés, son cœur lâche... Après des semaines d'opérations, ses bras et ses jambes n'ont pas survécu. Il aurait préféré mourir. Mais il va vivre. Intensément. En 2010, il traverse la Manche à la nage. Deux ans plus tard, il relie les cinq continents. Depuis, sa vie est une succession de défis, sportifs mais aussi professionnels, passant du Rallye-Dakar aux plateaux de télévision avec une aisance renversante, et maintenant un film...
Un destin qui mérite d'être mis en lumière
« C'est juste un truc de dingue, une joie immense ! J'en rêvais secrètement depuis des années, confie Philippe Croizon. J'avais envoyé mes livres à deux ou trois réalisateurs mais je n'avais jamais eu de retour », à la grande surprise de Marie-Castille Mention-Schaar. « En 2022, je suis tombé sur un documentaire retraçant son parcours. Je ne le connaissais pas du tout et j'étais très étonnée que personne n'ait écrit un film inspiré de son histoire, qui est tout bonnement incroyable. Il est de ces destins hors normes qui mérite d'être mis en lumière », affirme la réalisatrice de Divertimento, Le ciel attendra ou encore Les héritiers (interview complète en lien ci-dessous).
Un hommage aux 11 millions d'aidants
Dès la première rencontre, elle tombe sous le charme de Philippe et de sa compagne Suzana Sabino, celle sans qui rien n'aurait été possible. La « femme de l'ombre » sera assurément mise en lumière dans ce biopic. Comme un hommage à ces 11 millions d'aidants qui accompagnent un proche en situation de handicap ou en perte d'autonomie, animés par un dévouement extrême et brisés par un manque de reconnaissance et de soutien. « C'est très important pour moi que les deux rôles soient à égalité », insiste Mme Mention-Schaar.
Premiers pas de Pierre Rabine, nageur quadri-amputé, au cinéma
Pour les incarner, elle a choisi l'actrice et chanteuse franco-australienne Lilly-Fleur Pointeaux et Pierre Rabine, qui, lui, plonge dans le grand bain... Son absence d'expérience dans le cinéma importe peu, la réalisatrice mise sur l'authenticité. « Dès la première rencontre, j'ai été touché par son regard, son histoire, explique-t-elle. Tout comme Philippe Croizon, il a été amputé des quatre membres après avoir été électrisé, puis a trouvé refuge dans la natation. » Et, tout comme Philippe, le jeune homme de 24 ans semble être aussi à l'aise dans l'eau que sur les plateaux de tournage. « Il a eu seulement deux séances de coaching avant les essais, et je l'ai trouvé incroyable. »
En immersion chez les Croizon !
Il faut dire que depuis plusieurs semaines, il mange, dort, nage, vit « Croizon ». « Pierre a lu tous mes livres, regardé toutes les vidéos possibles et imaginables sur Suzana et moi donc il est vraiment en train de s'imprégner de mon parcours, indique Philippe. Mais ce n'est pas évident parce qu'il faut faire abstraction de sa propre histoire pour incarner celle d'un autre. » En cas de doute, il peut compter sur le soutien de celui qu'il interprète, toujours prêt à « filer un coup de main ». « Pierre et Lilly-Fleur sont restés plusieurs jours à la maison. Ils ont posé trois milliards de questions, on a passé un très bon moment, sourit Philippe. Et, depuis, on échange tous les quatre sur un groupe Whats'app via lequel on rigole bien et on leur donne des conseils et des précisions. »
Le 17 février, « action » !
Ils sont donc fin prêts pour le tournage de Pour le pire et le meilleur (titre provisoire) qui débute le 17 février 2025 -pour une date de sortie prévue « courant 2025 ou 2026 ». « J'ai déjà hâte de voir le résultat », s'impatiente Philippe Croizon, qui avoue être « très angoissé ». « Je suis très content mais j'ai aussi très peur, je me pose 1001 questions par rapport au scénario, à la version finale. C'est difficile de voir sa vie sur grand écran, raconté par quelqu'un d'autre que soi. » Mais Marie-Castille Mention-Schaar assure qu'elle « prendra soin » de leur histoire. « Même si ce film comportera des scènes de fiction, je mets toujours un point d'honneur à ce qu'elles soient respectueuses et en accord avec les principes, les valeurs des personnes dont je m'inspire », promet cette passionné d'histoires vraies.
Provoquer des émotions... et un débat
Son ambition ? « Apporter un regard différent sur le handicap et les personnes concernées, ainsi que celles qui les aident et les aiment », explique la scénariste. Au programme : « du rire et des larmes », aspire Philippe Croizon. « Plus d'un million de personnes m'ont vu sur scène depuis que j'ai commencé mes conférences. J'ai envie qu'ils ressentent les mêmes émotions lorsqu'ils regarderont ce film, et qu'ils les partagent en famille, en espérant que cela suscite un débat, que les enfants posent des questions à leurs parents sur le handicap, la différence, la résilience... » Un million, c'est le nombre de spectateurs visé. « Cela voudrait dire que nous avons sensibilisé un million de Français au handicap et au rôle des aidants. Mais, si je n'ai qu'un seul spectateur qui me dit que mon film lui a donné de la force, de l'énergie, je serai déjà comblée », assure Mme Mention-Schaar.
Transmettre des messages inspirants
« J'espère aussi qu'on arrivera à faire passer des messages », ajoute Philippe Croizon. Le sien n'a pas changé : « Tout est possible. L'impossible, c'est juste nous, nos peurs, nos doutes, nos freins. Ce sont de vrais poisons et, malheureusement, on nous éduque comme ça, la société renforce cette angoisse permanente. Je dis souvent que je suis mort ce 5 mars 1994, depuis c'est que du bonus. Ce que j'ai envie de faire, je le fais, le reste, je ne vais pas m'embêter avec ! ».
Un défi dantesque ?
Son prochain défi ? « Dormir ! », plaisante-t-il (... ou pas), « surchargé » entre ce projet cinématographique et le développement de son appli VIP (Very important parking), qui géolocalise les places de stationnement réservées aux personnes à mobilité réduite (Philippe Croizon lance une appli pour stationnements PMR). Mais Marie-Castille Mention-Schaar a d'autres ambitions pour lui... « Avec son parcours et son expérience, je pense qu'il devrait être ministre du Handicap pour améliorer le quotidien des personnes handicapées ! » Et pourquoi pas Monsieur « Tout est possible » à Matignon ou à l'Élysée ? De quoi donner des idées de « happy end »...
Découvrez l'interview complète de Marie-Castille Mention-Schaar ici : Un film sur Philippe Croizon pour rire, pleurer, cogiter.
© Philippe Croizon
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