Au Canada, la recherche technologique au service du handicap visuel fait de grands pas. Les constructeurs du dispositif eSight, lancé en Europe le 21 juin 2017, souhaitent le prouver. Ce nouvel appareil, qui pèse environ 100 grammes, se porte devant les yeux, au-dessus des lunettes de vue ; il comporte une caméra d'une résolution de 21,5 mégapixels pour filmer l'environnement. Concrètement, ce qu'elle capture est retransmis directement sur deux écrans OLEd, un devant chaque œil, afin de « garantir une qualité d'image et une latence optimale », affirment ses concepteurs. Une technique similaire à celle des casques de réalité virtuelle, elle-même dérivée de celle des smartphones.
Compenser les zones de la rétine
En affichant les informations très près de l'œil, au travers de lentilles qui donnent une illusion de distance, eSight compenserait les problèmes de myopie. En adaptant ensuite ce qu'il affiche en fonction des zones de la rétine encore valides pour compenser celles qui ne voient plus, il arriverait – dans une certaine mesure – à « redonner la vue ». Cette technique, baptisée « Bioptic Tilt », permet également à l'utilisateur de garder l'usage de sa vision périphérique, cruciale pour les personnes atteintes de basse vision. Ses concepteurs affirment par ailleurs que le dispositif est accessible aux personnes atteintes de nombreuses pathologies oculaires, dont la dégénérescence musculaire, la maladie de Stargardt, l'albinisme oculaire et certaines formes de glaucome.
Pouvoir enfin voir les détails
Premier utilisateur français des lunettes eSight, Ludovic Laïch est atteint de neuropathie optique héréditaire de Leber, qui désigne un dysfonctionnement du nerf optique. Diagnostiqué à l'âge de 20 ans, ce kinésithérapeute installé à Paris n'a jamais pu voir les expressions de ses patients. Au printemps 2017, il teste pour la première fois le dispositif, qui s'avère pour lui « un instrument idéal » et l'aide à lire les petits caractères ou à effectuer différentes tâches sans assistance : remplir des dossiers de patients, lire des informations, etc.
Aujourd'hui, il s'enthousiasme de « pouvoir lire en détail et voir le visage de sa femme de différents endroits dans une pièce ». « J'ai passé ma carrière à aider des personnes ayant des maladies physiques, confie-t-il. Je suis maintenant capable de voir leurs expressions, leurs sourires et leurs rires, de lire des documents importants et même de pouvoir découvrir la beauté de ma propre ville… ». Officiellement commercialisées en Europe le 21 juin 2017, ces lunettes « révolutionnaires » ne sont toutefois pas à la portée de toutes les bourses : leur coût s'élève pour le moment à 13 900 euros… Un prix qui pourrait être diminué selon l'éventuelle concurrence à venir.
Lunettes et caméra pour lire partout
Cette innovation fait écho à d'autres dispositifs, moins coûteux, élaborés pour faciliter la lecture des personnes aveugles et malvoyantes. On pense aux lunettes OrCam MyEye, système de vision artificielle équipé d'une caméra miniature destiné à lire en toutes circonstances et sur tous supports (lire article en lien ci-dessous). Des systèmes innovants et plus que nécessaires, sachant que plus de 250 millions de personnes sont déficientes visuelles dans le monde.
© eSight