Au moins deux exosquelettes en moyenne dans chaque département seront dédiés à des établissements de soins médicaux et de réadaptation (SMR) ; c'est ce qu'a promis Emmanuel Macron le 26 janvier 2023. Une enveloppe de dix millions d'euros -sur le budget de l'Assurance maladie ?, les annonces ont été confuses...-, va permettre de financer ces robots qui enveloppent les jambes, le bassin et le buste des personnes avec lésions cérébrales ou de la moelle épinière. Près de 200 exosquelettes devraient donc déferler en France à partir de juillet 2023, venant compléter la vingtaine déjà disponibles depuis 2020 dans nos établissements de santé.
Un parachutiste blessé de guerre
Ce jour-là, c'est Sulayman qui fait la démonstration ; ce militaire du 1er régiment de hussards parachutistes de Tarbes, né en 2000, est devenu paraplégique à la suite d'une explosion lors de l'opération Barkhane au Mali. « Avoir tout le monde à même hauteur, c'est top pour le moral », déclare-t-il à Emmanuel Macron. Ses séances durent une heure environ, le temps de s'équiper, dont une vingtaine consacrées à la marche. Cette verticalisation a des effets positifs sur son transit, sa circulation sanguine et soulage ses douleurs récurrentes aux épaules mais elle permet surtout à son cerveau de réapprendre à marcher, en reformant des circuits. Des résultats probants ont également été observés chez des personnes qui n'avaient jamais marché.
Wandercraft, fleuron made in France
Quels seront les modèles choisis ? Pas de détail pour le moment même si Atalante, fleuron de la technologie made in France conçu par Wandercraft, fait figure de référence. Le leader mondial dans le domaine des exosquelettes de marche obtenait d'ailleurs quelques jours plus tôt un accord de la Food and drug administration américaine (l'équivalent de notre Agence nationale de sécurité du médicament) pour l'utilisation d'Atalante en cas d'accident vasculaire cérébral (Lire : USA : l'exosquelette Wandercraft autorisé en cas d'AVC). La startup, qui fait notamment partie des 18 projets de « Premières usines » récemment financées par France 2030, a un projet d'usine dans l'Hexagone. Elle serait en mesure de produire quatre unités par mois. Mais le coût d'Atalante avoisine les 180 000 euros, or l'enveloppe promise permettrait de financer des modèles à 50 000 euros pièce. Reste également à savoir à quels établissements seront destinés ces équipements ; il existe potentiellement, en France, 430 centres axés sur la locomotion capables de les accueillir.
Hors du milieu hospitalier ?
Le chef de l'Etat entend « se mobiliser avec le service de santé des Armées (…) pour continuer le déploiement (ndlr : le seul se trouve dans la structure de rééducation fonctionnelle des Invalides) », et pourquoi pas « hors du milieu hospitalier » en intégrant ces équipements high-tech « dans nos stratégies territoriales avec la médecine de ville, le médical et le paramédical ». Le Dr Pierre-François Pradat, président de l'Institut pour la recherche sur la moelle épinière et l'encéphale (IRME), partage cet espoir. Les exosquelettes disponibles dans certains centres le sont sur des temps courts ; or « l'objectif serait de permettre aux patients de poursuivre leur rééducation à l'extérieur avec du personnel dûment formé car, grâce à la plasticité du système nerveux, il existe encore des capacités de récupération un ou deux ans après l'accident ». Pour autant, les exosquelettes actuels n'ont pas encore atteint un stade de maturité qui leur permettrait d'être utilisés dans la vie quotidienne, par exemple pour aller faire ses courses. Emmanuel Macron souhaite, enfin, consacrer des moyens au développement d'un exosquelette destiné aux enfants, même si une innovation espagnole a déjà été saluée en juin 2022 (Lire : Le 1er exosquelette pour enfant, invention primée).
Inauguration de Station debout
Ces annonces ont été faites à l'occasion de l'inauguration de Station debout par Emmanuel Macron, accompagné de son épouse et de plusieurs ministres, dont Geneviève Darrieussecq (ministre déléguée au Handicap). Cet espace conçu comme une salle de fitness est né d'une réflexion menée par l'IRME. Ayant pris place dans les locaux de l'ancienne Poste centrale de Paris (rue du Louvre) entièrement réhabilités, ce centre de recherche et d'activités physiques adaptées alliant réalité virtuelle, appareils connectés et robotique est dédié aux personnes avec des déficits neurologiques (paraplégie, sclérose en plaques, maladies neurodégénératives, AVC). En service depuis septembre 2022, cet espace qualifié « d'unique en Europe » a été inauguré officiellement lors de ce déplacement présidentiel. Il accueille au total une cinquantaine, non pas de « patients » mais de « membres », et peut en recevoir six en même temps sur son plateau. Cette démarche, gratuite pour ses membres, ne vit aujourd'hui que grâce aux mécènes et aux dons. « Mais ce modèle n'est pas tenable sans remboursement des séances par l'Assurance maladie », explique Pierre-François Pradat. Pour lever des fonds, Emmanuel Macron a « pris l'engagement d'un concert à l'Elysée » mais promet également d'aider ses initiateurs à « battre la campagne » avec l'objectif d'implanter une dizaine de centres de ce type en France. Ces nouvelles qui « n'étaient pas prévues » si vite réjouissent ceux qui mènent depuis longtemps des actions de lobbying en ce sens.