« Lève-toi et marche ! » C'est le rêve fou de la société Wandercraft. Pour le réaliser, une équipe d'ingénieurs a planché nuit et jour -ou presque- sur un robot capable de recréer une « marche humanoïde » pour les personnes paraplégiques ou en situation de handicap moteur. Sept ans plus tard, l'exosquelette Atalante est le premier qui permet d'accomplir cette prouesse en toute autonomie, sans béquille ni déambulateur. Actuellement testé dans des centres de rééducation, il permet aux professionnels de santé de proposer des soins innovants, « intensifs » et « indolores ». Cerise sur le gâteau, il vient d'obtenir le marquage CE, essentiel pour sa commercialisation en Europe. Un accomplissement pour l'entreprise française après de longues années de développement et de tests cliniques, et un souffle d'espoir pour les 850 000 personnes à mobilité réduite dans l'Hexagone.
Intuitif et simple d'utilisation
Les centres de soins sont sans cesse à la recherche de nouvelles thérapies et de traitements efficaces contre les pathologies qui entraînent des déficiences motrices. « L'absence de mouvement peut-être la source de pathologie grave. Remettre quelqu'un debout lui procure une grande motivation, qui entraîne des effets thérapeutiques positifs », assure Jean-Louis Constanza, co-fondateur de Wandercraft. Ces jambes robotiques qui épousent la morphologie des membres inférieurs et du bassin permettent également de se lever, s'asseoir, faire demi-tour et possèdent même un mode « exercices » pour aller chercher un objet par exemple. « L'exo » contrôle son équilibre grâce à des « algorithmes de robotique dynamique ». Selon Jean-Louis Constanza, ses atouts majeurs résident dans sa simplicité d'utilisation, un « apprentissage instantané », et le fait de pouvoir réaliser des exercices « sans effort », de manière « intuitive ». Le patient met en marche cette machine de 68 kilos grâce à une télécommande, puis se penche vers l'avant pour se lever. « Le poids ne gêne pas vraiment, les personnes ne le sentent pas. La commande effective est générée par le buste via un gilet qui le lie à l'exosquelette », explique Jean-Louis Constanza. Pour les plus sportifs, il est même possible de faire des squats (exercices fessiers). « Les fonctions disponibles répondent aux besoins des kinésithérapeutes et autres professionnels de santé lors des séances de rééducation », ajoute-t-il. Ravis de laisser les commandes à leurs patients, ils peuvent tout de même assurer leur sécurité notamment grâce à une seconde télécommande.
Prix de la motricité
Autre avantage et pas des moindres, selon Jean-Louis Constanza, l'exosquelette peut être utilisé une à deux fois par jour sans entraîner de fatigue pour le kiné ni pour le patient, ni de lésions cutanées. Jusqu'à présent, 32 personnes ont pu le tester. Quelle sensation de se tenir debout pour la première fois, de pouvoir remarcher le temps d'un test ? « Une joie immense, des émotions fortes, poursuit-il. Un jour, un jeune homme m'a dit : 'Finalement je suis grand !' Effectivement, il faisait 1m80. » Mais, en l'état actuel, ce petit bijou de technologie n'est pas accessible à tous. Pour l'utiliser, il faut mesurer entre 1m60 et 1m90 et peser moins de 90 kilos. Quant à son prix ? 200 000 euros. « Nous avons essayé de l'abaisser au maximum, et nous continuons d'ailleurs, mais il n'est pas hors de portée des grands centres de soins qui accueillent 70-80 personnes », selon lui.
Bientôt une version grand public
Si la version clinique est exclusivement destinée aux centres de rééducation, Wandercraft voit plus loin et travaille déjà sur un prototype personnel, pour le grand public. Objectif final : « Enfiler l'exo pour aller chercher son pain, partir au travail ou faire des activités de la vie quotidienne ». « Cette seconde version sera plus fine et bénéficiera de performances améliorées comme la détection des obstacles, la protection en cas chute et un meilleur sens de l'équilibre », conclut Jean-Louis Constanza. Un petit pas pour l'Homme…