+ 40 %. Entre le premier trimestre 2022 et le premier trimestre 2021, le numéro national 3977 n'a pas cessé de sonner et a vu ses alertes pour maltraitance envers les personnes âgées et en situation de handicap grimper en flèche. 2 424 dossiers ont été ouverts à la suite de ces signalements entre janvier et mars 2022, contre 1 733 à la même période en 2021. Déjà à cette époque, une hausse de 28 % avait été observée par rapport au premier trimestre 2020 (article en lien ci-dessous). « Il s'agit véritablement d'une rupture de tendance, à caractère 'explosif' », s'alarme la Fédération opérant ce numéro. Premières victimes, les personnes âgées (à 79 %) mais aussi et surtout les résidents d'établissements médico-sociaux, qui représentent plus de la moitié des dossiers. Ils dépassent désormais en nombre les personnes vivant à leur domicile, qui étaient jusqu'à maintenant majoritaires. Du jamais vu, selon la plateforme téléphonique.
A l'origine, le manque de moyens
Ces personnes sont, la plupart du temps, l'objet de négligences passives ou de « maltraitances liées aux soins ». D'après le service 3977, cette explosion des cas s'explique par une conjonction de plusieurs facteurs. D'une part, la médiatisation du phénomène après la publication de l'enquête Les Fossoyeurs, de Victor Castanet, pointant du doigt certaines pratiques dans les EHPAD. Cette ouverture du débat a probablement incité les familles à plus de dénonciation. D'autre part, les ressources humaines sont de plus en plus insuffisantes, liées notamment à la crise du Covid mais aussi celle traversée par le médico-social ; le secteur connaît depuis des mois une hémorragie sans précédent qui, du propre aveu de certains directeurs d'établissements, « peut mettre nos résidents en péril » (article en lien ci-dessous). Cette défaillance institutionnelle conduit en effet à des « négligences passives ». Pour inverser cette tendance, le Fédération 3977 contre les maltraitances insiste sur le fait « de mettre en place des temps d'échange entre professionnels pour croiser leurs observations au sujet des résidents dont ils s'occupent », « d'identifier les situations de maltraitances débutantes, leurs causes et de décider ensemble des actions correctrices ».