Manon ne s'attendait pas à un tel déferlement d'intérêt pour ce petit film qui la met en scène dans sa vie quotidienne. Comprendre les difficultés lorsqu'on a « un bras mort » comme elle le qualifie. Son bras gauche. Elle en a perdu l'usage le 21 mars 2014, dans un accident de moto. La jeune fille a alors 20 ans. Elle est, depuis, atteinte d'une paralysie complète du plexus brachial, qu'on appelle aussi la « maladie du motard ». Cinq nerfs contrôlent un bras, quatre sont arrachés de sa moelle. Irrécupérables ! Manon a déjà subi deux opérations, dont une greffe de nerf, mais ses chances de retrouver un jour une simple flexion/extension du bras sont faibles.
Une souffrance physique et morale
La jeune fille doit endurer en permanence des douleurs neuropathiques difficilement supportables, dont souffrent également les personnes amputées. « Ma souffrance est physique mais aussi morale, confie-t-elle. Mon corps est lourdement abîmé et fatigue plus vite que la normale. Je suis privée de ma passion mais aussi de beaucoup d'activités ». Même si sa famille s'inquiète, Manon fait preuve d'une force et d'une volonté décuplées.
Un message fort
Au fil des mois, à force de patience, elle a réappris et mis en place des astuces pour ne pas perdre en autonomie. Son film est une succession en accéléré de ces gestes si simples qu'elle met désormais tant de temps à accomplir. C'est surtout un message envoyé à ceux qui n'appréhendent pas toujours le danger, en premier lieu ses copains motards. « Nous ne sommes pas intouchables sur la route ; ces 30 secondes où je l'ai cru, m'ont blessée pour toujours. Vous ne voulez pas ça, conduisez doucement et prudemment. » Message entendu puisque sa vidéo a été vue 5 millions de fois sur Facebook.