Marie-Anne Montchamp et la fabrique de la loi handicap

Elle était au cœur du réacteur de la loi handicap en février 2005. 20 ans après, l'ancienne secrétaire d'État en charge des personnes handicapées, Marie-Anne Montchamp, nous raconte la fabrique de ce texte fondateur et dresse le bilan.

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« En faisant adopter la loi, je savais combien ce serait long et compliqué. » Alors que la loi « handicap » souffle aujourd'hui ses 20 bougies, retour sur les débuts de ce texte historique avec Marie-Anne Montchamp, ancienne secrétaire d'État en charge des personnes en situation de handicap. C'est sous son mandat que la loi a été adoptée. 20 ans après, quel bilan dresse-t-elle ? L'esprit de la loi a-t-il été conservé ? Quelles perspectives pour les vingt prochaines années ? Réponse dans une interview vidéo à retrouver ci-contre mais aussi sur Handicap.live et les réseaux sociaux de Handicap.fr.

Une Assemblée nationale « surchauffée »

A l'époque, l'adoption de la loi pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, dite également « loi Montchamp » ne se déroule pas sans vagues. Marie-Anne Montchamp se met au travail sur commande du président de la République, Jacques Chirac, très impliqué sur le sujet. Or, la secrétaire d'État assiste à une levée de boucliers : « J'ai le souvenir de l'hémicycle à l'Assemblée nationale qui était surchauffé parce que beaucoup de députés voulaient amender le texte, d'autres voulaient être les porte-paroles de certaines associations qui, dans leurs circonscriptions, les avaient alertées ». 

Les obstacles à l'adoption de la loi

Ainsi, la promulgation de la loi est retardée par des lobbys opposants, ceux des architectes « qui ne voulaient pas de la mise en accessibilité des logements ». Les syndicats enseignants montent également au créneau, « ne comprenant pas que l'enfant en situation de handicap rejoigne l'École de la République ». « J'ai le souvenir d'une véritable confrontation de points de vue qu'il a fallu réussir à dépasser pour que le texte soit adopté dans des conditions satisfaisantes », affirme Mme Montchamp. 

« Il faut se réveiller ! »

Selon elle, le législateur dit pourtant « une chose simple » : « Notre société doit reconnaître et rendre réelle et effective la citoyenneté pleine et entière de la personne, quelles que soient ses particularités et ses spécificités ». L'esprit d'une loi qui perdure, selon elle. Certes, « elle a fait bouger les lignes et le message est communément passé ». Mais de nombreux progrès restent à accomplir, affirme celle qui est aujourd'hui directrice générale de l'Organisme commun des institutions de rente et de prévoyance (OCIRP), disant « soutenir » les personnes en situation de handicap qui battent aujourd'hui le pavé pour faire reconnaître leurs droits, notamment celles mobilisées à l'occasion de la manifestation place de la République le 10 février 2025 (20 ans de la loi handicap : appel à manifester le 10 février). « Il faut se réveiller, notre société peut mieux faire », conclut-elle. 

© Wikipedia commons

Portrait de Marie-Anne Montchamp.
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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Clotilde Costil, journaliste Handicap.fr"
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