MDPH : un tremplin essentiel vers l'emploi

Accueil, évaluation, orientation, accompagnement... La MDPH joue un rôle clé dans l'insertion professionnelle des personnes handicapées, de la demande de RQTH jusqu'à l'accès à un emploi adapté. Découvrez comment ce parcours s'organise concrètement.

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Un homme simule un entretien d’embauche avec un autre.

« La MDPH n'est pas qu'un guichet de droits : c'est aussi un acteur de l'insertion professionnelle », a rappelé la Maison départementale des personnes handicapées d'Alsace lors d'un webinaire fin septembre 2025. Un événement suivi avec attention, preuve que la question reste brûlante : comment concilier handicap et vie professionnelle à l'heure où le « plein emploi » devient un objectif national ? L'enjeu est clair : permettre à chacun de trouver ou de garder une place sur le marché du travail, qu'il soit en milieu ordinaire, en entreprise adaptée (EA) ou en établissement et service d'aide par le travail (ESAT). La MDPH accompagne les personnes à chaque étape de ce parcours.

Une porte d'entrée unique pour les personnes handicapées

Créées par la loi du 11 février 2005, les MDPH constituent le guichet unique pour toutes les démarches liées au handicap. Quatre grandes missions structurent leur action : accueillir et conseiller, évaluer les besoins de compensation, attribuer les droits et prestations et accompagner les situations complexes. Derrière cette organisation, une philosophie : placer la personne au centre du dispositif, en tenant compte de l'ensemble de sa situation – santé, autonomie, logement, scolarité, emploi.

Et cette dimension professionnelle est loin d'être secondaire. La loi impose d'ailleurs à chaque MDPH de désigner un référent pour l'insertion professionnelle, chargé de s'assurer que l'emploi soit intégré dans le projet de vie. « Notre rôle est d'aider la personne à construire un parcours réaliste et cohérent », souligne la MDPH d'Alsace.

Un réseau d'acteurs au service de l'emploi

Et ce travail ne s'effectue pas seul. Autour de la MDPH gravite un réseau de partenaires : France travail, Cap emploi, les missions locales, la Caisse d'assurance retraite et de la santé au travail (CARSAT), les organismes de formation ou encore les structures médico-sociales. À noter que, depuis 2025, l'inscription à France travail est obligatoire pour bénéficier d'un accompagnement global. Chaque acteur joue sa partition, mais c'est la MDPH qui assure la coordination du parcours. Une véritable mission d'équilibriste, entre accompagnement social, appui administratif et conseil professionnel, résume la maison d'Alsace.

RQTH : clé d'entrée vers un emploi adapté

Première étape pour un parcours professionnel adapté ? Déposer une demande de Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH). Ce statut, défini par l'article L.5213-1 du Code du travail, concerne « toute personne dont les possibilités d'obtenir ou de conserver un emploi sont réduites en raison d'un handicap physique, sensoriel, mental ou psychique ». La RQTH est attribuée par la Commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapées (CDAPH), qui siège au sein de la MDPH,  pour une durée d'un à dix ans, parfois sans limitation lorsque le handicap est irréversible. En cas de renouvellement, les droits sont automatiquement prolongés jusqu'à la nouvelle décision.

Cette reconnaissance n'est pas seulement symbolique, elle ouvre les portes de nombreux droits et dispositifs. Elle permet notamment de bénéficier d'aménagements de poste (horaires adaptés, télétravail, matériel spécifique…) financés par l'Agefiph (fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées dans le secteur privé) ou par le FIPHFP (pour la fonction publique). Et chacun reste libre d'en faire usage : « La RQTH est un document personnel et confidentiel ; c'est le salarié qui choisit de le mentionner, s'il le souhaite », rappelle la MDPH d'Alsace.

Comment faire une demande de RQTH ?

La demande s'effectue via le formulaire Cerfa 15692*01, disponible sur mdphenligne.cnsa.fr ou par courrier. Elle doit comporter quatre pièces essentielles : le formulaire complété, un justificatif d'identité, un justificatif de domicile (valide ou via domiciliation auprès d'un centre communal d'action sociale pour les personnes sans-abri) et un certificat médical de moins d'un an. Le délai moyen de traitement du dossier est d'environ trois à quatre mois. Et, contrairement à une idée répandue, le dépôt en ligne n'accélère pas la procédure : « Tous les dossiers sont instruits par ordre d'arrivée, quel que soit le mode de dépôt », précise la MDPH.

De l'évaluation à l'orientation professionnelle

Après l'obtention de la RQTH, la MDPH procède à une évaluation du parcours professionnel afin d'analyser les compétences, les aspirations et les besoins de compensation de la personne et d'identifier le cadre de travail le plus approprié. Cette évaluation est conduite par une équipe pluridisciplinaire, composée notamment d'un médecin, d'un travailleur social et d'un référent insertion. Si la situation est jugée « complexe », d'autres professionnels ou partenaires, comme France travail ou Cap emploi, peuvent être associés à la réflexion.

Des dispositifs adaptés à chaque parcours

À l'issue de cette évaluation, la MDPH propose différentes solutions d'insertion. Lorsque cela est possible, le milieu ordinaire reste privilégié. Autre piste : l'emploi accompagné, qui offre un soutien médico-social sur mesure, à la fois pour la personne et pour l'employeur. Il permet d'accéder à un emploi en milieu ordinaire tout en bénéficiant d'un suivi régulier, quel que soit le niveau d'autonomie. Les établissements et services de réadaptation ou de préorientation professionnelle (ESRP/ESPO) permettent, quant à eux, de redéfinir un projet, de se former ou de se reconvertir dans un cadre adapté, avec un accompagnement médico-social renforcé.

ESAT : une activité professionnelle dans un cadre « protégé » 

Autre option : les ESAT, qui accueillent les personnes dont la capacité de travail est limitée. Objectif ? Offrir un environnement professionnel « protégé » et valorisant, tout en favorisant leur autonomie et leur inclusion sociale. Le travailleur ou « usager » signe un contrat d'accompagnement par le travail et perçoit une rémunération garantie comprise entre 55,7 % et 110 % du SMIC, cumulable avec l'Allocation adulte handicapé (AAH). Il cotise pour la retraite et la Sécurité sociale mais pas le chômage. Depuis 2023, il peut cumuler une activité en ESAT et en milieu ordinaire, grâce à une convention d'appui.

Une période d'essai de trois mois, renouvelable une fois, permet de confirmer que le poste et le cadre conviennent. Avant toute admission, une mise en situation professionnelle (MISPE) peut aussi être proposée pour tester les capacités et conforter le projet.

Un suivi spécifique pour les jeunes

Les jeunes bénéficient d'un suivi spécifique au sein des MDPH : ceux qui disposent d'un Projet personnalisé de scolarisation (PPS), d'une Allocation d'éducation de l'enfant handicapé (AEEH) ou d'une Prestation de compensation du handicap (PCH) obtiennent automatiquement une équivalence RQTH jusqu'à leurs 20 ans, sans formalité supplémentaire. Par ailleurs, les jeunes en situation de handicap peuvent aussi obtenir un accompagnement renforcé dans le cadre du Contrat d'engagement jeune (CEJ) ou de dispositifs régionaux dédiés à l'apprentissage et à la formation.

Un engagement partagé pour une société plus inclusive

L'accès à la sphère professionnelle pour les personnes en situation de handicap reste un défi collectif. En travaillant main dans la main avec les acteurs de l'emploi et du médico-social, la MDPH en est l'un des rouages essentiels. Chaque décision, chaque orientation, vise un même objectif : faire du droit à l'emploi une réalité pour tous.

© 89Stocker / Canva

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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