Le travail pourrait-il tomber malade ? C'est en tout cas ce que certains craignent suite à l'annonce faite par François Hollande le 30 octobre 2014 sur le rôle du « médecin du travail ». A l'occasion de la présentation de 50 nouvelles mesures destinées à simplifier l'activité des entreprises, premier bilan d'étape du grand chantier lancé en avril 2014, il a indiqué que "la visite médicale obligatoire n'est réalisée que dans 15% des cas" et "peut relever de la formalité impossible" du fait d'un manque d'effectifs médicaux ou de contrats courts. Dans ce cas, "Mieux vaut limiter et cibler", a-t-il ajouté. Rappelons que cette visite doit en principe être réalisée tous les deux ans mais les services de médecine du travail étant totalement engorgés (selon l'atlas de l'ordre des médecins, la France ne compte que 1 530 médecins du travail, avec une moyenne d'âge élevée), elle pourrait dorénavant être confiée au médecin traitant.
Une démarche collective nécessaire
Or, pour les syndicats de médecins, « on ne s'improvise pas médecin du travail ; il y a une formation spécifique. C'est un déni complet de son rôle, seul professionnel médical capable d'identifier un environnement toxique ou une organisation de travail délétère. » Il est vrai que le généraliste sera en mesure de « soigner » un individu isolé sans pour autant constater un dysfonctionnement plus global imputable par exemple aux conditions de travail ou sanitaires dans l'entreprise. Il est donc le seul professionnel à avoir une démarche collective d'alerte auprès de l'employeur et du CHSCT (Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail).
Un impact sur la compétitivité des entreprises ?
Dans un communiqué, promptement envoyé aux medias, la CFE-CGC se joint à la fronde : « Cette nouvelle démarche ne va pas permettre d'améliorer la santé au travail des salariés et ce ne sera certainement pas sans impact sur la compétitivité des entreprises. » Elle dit « s'opposer totalement à cette mesure qui ampute cette spécialité médicale et la transforme en un simple bilan de santé, à une époque où nous savons par l'intermédiaire de notre population de cadres et techniciens que le travail est malade ! »
En poste depuis 1946
Pour mémoire, la spécialité de médecin du travail a été créée en 1946 pour que le salarié ait un examen médical et un espace de parole dédié au travail et à ses dysfonctionnements éventuels. Cela concerne l'amiante chez l'électricien, l'asthme chez la coiffeuse, le canal carpien chez la secrétaire, le burn-out chez le manager…