« La crise sanitaire actuelle a mis en lumière l'insuffisante valorisation de certaines professions qui font pourtant la preuve de leur utilité au plus près de la vie des Français », observe le Conseil économique, social et environnemental (CESE). Dans ce contexte, il alerte sur l'insuffisance de reconnaissance du travail à domicile auprès des personnes vulnérables (enfants, personnes en perte d'autonomie et touchées par la maladie ou le handicap) via un avis sur ces « métiers du lien » et du « prendre soin ». Adopté en séance plénière le 9 décembre 2020, il a presque fait l'unanimité : 142 voix pour et 2 abstentions.
Impasse dans le Ségur de la santé
Or, alors que les besoins augmentent largement du fait du vieillissement de la population française, les mesures annoncées dans le cadre du Ségur de la Santé ne concernent que très partiellement ces professions qui, pourtant, traversent une grave crise de recrutement en raison de rémunérations faibles et de conditions de travail pénibles. Les conditions d'emploi, le plus souvent en temps partiel, contribueraient également à ce manque d'attractivité. Le Conseil juge donc « primordial de revaloriser ces métiers, véritables vecteurs de la solidarité nationale ». Il encourage par ailleurs à « plus de mixité » dans un secteur majoritairement féminin où les stéréotypes sur les compétences à partir du genre ont la vie dure.
Quelles recommandations ?
Pour leur permettre la reconnaissance professionnelle « qu'elles méritent », le CESE formule plusieurs recommandations. Observant une « détérioration de leurs conditions d'exercice », a fortiori durant cette pandémie, c'est notamment une meilleure prise en compte des temps de travail nécessaires aux interventions auprès des personnes vulnérables, préconisant donc de « comptabiliser et de rémunérer l'ensemble des temps d'accompagnement y compris ceux consacrés à la convivialité et aux loisirs ainsi qu'à la vigilance sur l'état physique et moral de la personne aidée ».
De meilleures conditions de travail
Il incite également à mieux « former et qualifier les personnels », notamment via une certification ad hoc, ainsi que la délivrance d'une carte professionnelle « afin de faciliter les démarches des salariés, pour la personne aidée, à l'extérieur du domicile ». L'avis encourage ensuite à améliorer les conditions d'exercice et prévenir les risques professionnels, avec un dispositif de suivi de la santé au travail comme mis en place pour les assistantes maternelles et l'augmentation des effectifs dans les établissements type Ephad. Enfin, il recommande de « prévoir une programmation pluriannuelle des financements en faveur des métiers du lien », avec des moyens suffisants. « La future loi pour l'autonomie et le grand âge devra fixer le cadre des engagements réciproques de l'Etat, de la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie) et des départements pour la réalisation de ce plan métiers », conclut le CESE.
Un enjeu dans l'air du temps
Rappelons que le CESE, considéré comme la « troisième chambre de la République » après l'Assemblée nationale et le Sénat, et composé de représentants de la société civile, n'a qu'un rôle « consultatif ». Mais les sujets dont il se saisit sont dans l'air du temps, qu'il est difficile pour les pouvoirs publics d'ignorer… Un rapport sur les « métiers du lien » a été rendu public en juin 2020 (article en lien ci-dessous) qui faisait lui aussi l'âpre constat de politiques pas à la hauteur des enjeux… « Ras-le-bol des remerciements, nous voulons des actes ! » Les professionnels de l'aide à domicile ont fait part, le 3 décembre 2020, de leur colère et de leur impatience, réclamant, notamment, une revalorisation salariale de 12 % (article en lien ci-dessous).