En juillet 2020, le Ségur de la santé acte une revalorisation « inédite » de 183 euros net par mois pour les infirmiers, aides-soignants, sages-femmes, manipulateurs-radio, secrétaires médicaux, soit deux millions de personnes. Mais cette mesure ne concerne que les salariés de la fonction publique hospitalière des établissements de santé (hors médecins) et l'ensemble des professionnels des EHPAD publics. En sont donc exclus ceux des EHPAD du secteur associatif non-lucratif, ainsi que les professionnels des établissements et services sociaux et médico-sociaux, notamment, du champ du handicap.
Une vague de démissions
Conséquences ? On observe une vague de démissions et de départs, par exemple d'aides-soignants (AS) et d'accompagnants éducatifs et sociaux (AES) des établissements de type MAS ou FAM (Maisons ou Foyers d'accueil médicalisé) au profit du secteur hospitalier et des EHPAD, ainsi que de très graves difficultés pour pourvoir les nombreux postes vacants. Si Paralysie cérébrale France se félicite de cette revalorisation pour certains, elle dénonce par ailleurs le « manque de cohérence du périmètre de ce Ségur ». Son président, Jacky Vagnoni, juge cette situation « critique » pour un secteur déjà fragilisé par son manque d'attractivité. Il redoute que la « qualité et la sécurité des soins apportés aux personnes accompagnées ne se dégrade », avec des « drames humains » ou des « fermetures de structures » possibles.
Un système à 2 vitesses
Même inquiétude pour le Groupe polyhandicap France (GPF). « Les établissements pour adultes, notamment, sont déjà très sous-dotés, explique Marie-Christine Tézenas, sa présidente (article en lien ci-dessous). A cette pénurie chronique vient donc s'ajouter une fuite des effectifs. » Les établissements ont franchi un cran inquiétant et doivent alors faire face à une crise sanitaire majeure avec de moins en moins de personnels formés. De son côté, l'Armée du salut alerte sur le fait que les EHPAD du secteur associatif sont confrontés à ces mêmes difficultés de recrutement. Tous déplorent un « système à deux vitesses » pour des métiers pourtant identiques.
Réaction urgente
« Cette revalorisation doit être liée au métier exercé et non au type d'établissement », revendique Jacky Vagnoni, qui appelle l'Etat à « des mesures correctives particulièrement urgentes ». L'Armée du Salut réclame à son tour « un décret » annonçant une hausse de salaire pour tous, tout comme Annie Chapelier, députée Agir-Ensemble du Gard, qui a alerté le ministre de la Santé, Olivier Véran, dans un courrier. Quant au Conseil départemental des Vosges, il annonçait avoir voté à l'unanimité une motion réclamant « l'égalité de traitement à équivalence de diplôme », craignant qu'« à moyen terme, toute la politique » menée dans ces secteurs soit « menacée si rien n'est fait ». Pour rappel, ces dernières semaines, des agents ont mené des grèves et rassemblements dans plusieurs départements tandis que le syndicat CFE-CGC santé social & UNMS a mis une pétition en ligne.