« Cherche société #QuiPrendSoinDeNous ! » « Cherche salaire décent pour l'éducateur ! » Huit fédérations, qui se définissent comme « les plus importantes en France »*, alertent sur la crise que traversent les métiers de l'humain et les enjeux du « prendre soin ». Ces professionnels du secteur non lucratif, travaillant auprès des « populations fragiles » (personnes âgées, en situation de handicap ou de précarité), exhortent les pouvoirs publics à mettre en place un « plan ambitieux » pour la santé, le social, l'autonomie et le handicap. Il devra, selon eux, « aborder simultanément les questions de financement, de structuration, de gouvernance de l'offre de soins, d'accompagnement mais aussi de formation du personnel pour assurer la viabilité d'un secteur essentiel ». Regroupés en réseau, ils appellent à une mobilisation nationale le 28 septembre 2022 dans la plupart des régions de France (liste des villes concernées dans le lien ci-dessous). Leur credo : « La vulnérabilité nous concerne tous ».
Des ruptures d'accompagnement...
« Qui pour prendre soin de ceux qui prennent soin de nous au quotidien ? », interrogent les associations. « Les professionnels du prendre soin sont indispensables à notre société (...), ils assurent notre avenir collectif », poursuivent-elles. Pourtant, depuis plusieurs mois, ils traversent une « crise profonde » dans « l'indifférence des pouvoirs publics ». Pénurie de professionnels de l'accompagnement, fermeture de certaines structures, manque de moyens humains, matériels et financiers, faibles rémunérations… « Les victimes collatérales de cette situation sont les personnes accompagnées », déplorent-elles, évoquant des dégradations de la qualité de vie, des ruptures d'accompagnement et parfois même des « mises en danger ».
... accentuées par l'inflation
« En établissement, est-ce normal de ne pas pouvoir se lever, se coucher, prendre son repas ou même espérer prendre une douche parce que personne n'est disponible pour venir vous aider ? A domicile, comment continuer à vivre dignement et de façon autonome si l'accompagnant ne peut, faute d'aides suffisantes, assurer que le strict minimum ? Comment peut-on laisser des personnes vivre dans des conditions inhumaines du fait de cadres administratifs et budgétaires trop contraints ? », s'insurge de son côté APF France handicap, qui se joint au mouvement en dénonçant un choix du mode de vie « limité » et une « atteinte aux droits humains ». « Cette situation s'aggrave avec l'inflation galopante qui pèse fortement sur les budgets et, par conséquent, réduit encore plus les marges de manœuvre des services pour assurer un accompagnement de qualité », ajoute l'association qui sera présente le 28 septembre.
150 000 postes vacants d'ici 2025 ?
Objectif de cette mobilisation automnale ? Soutenir ces professionnels qui continuent, « malgré le manque de reconnaissance ». « Agir maintenant, c'est agir aussi pour demain », martèlent les fédérations. En effet, 50 000 postes sont aujourd'hui à pourvoir dans les établissements et services des secteurs social, médico-social et sanitaire privé non lucratif français. Selon une projection, ils seront 150 000 d'ici 2025, soit près d'un quart des emplois. « Ensemble, réclamons que le gouvernement prenne la mesure de l'urgence et s'engage à mette en œuvre un plan à la hauteur de ces enjeux », exhortent les associations, « inquiètes ».
* Cnape, Fas, Fehap, Nexem, Mutualité Française, Unapei, Unicancer et Uniopss