Le 6 octobre 2021, jour de colère ! Mobilisation dans toute la France parce qu'il est « urgent d'agir » en faveur des métiers du soin et du prendre soin et ceux de la solidarité lorsque tout le système, « à bout de souffle », « menace de s'effondrer ». Un événement qui coïncide, symboliquement, avec la Journée nationale des aidants. Les filières de l'accompagnement des personnes dépendantes mais aussi les familles vont descendre dans la rue pour dire leur impatience face aux tensions majeures qui se sont accrues avec la crise sanitaire et le risque que cette pénurie de main d'œuvre fait courir aux personnes accompagnées. Problèmes de recrutement, manque de reconnaissance, épuisement des personnels… Etablissements médico-sociaux ou sanitaires, prestataires de santé à domicile, aides à domicile, tous crient la même angoisse. Les alertes et appels affluent, promettant de déverser une vague de cortèges dans les rues, sous les fenêtres des ministères ou dans les bureaux des préfets.
Besoins d'accompagnement en hausse de 33 %
« Dans moins de 10 ans, les besoins d'accompagnement auxquels répondent les assistants de vie seront en hausse de 33 % », alerte IPERIA. De son côté, HandiRéseaux38, faisant écho à la vindicte collective, réclame de meilleurs salaires, une évolution des carrières, des formations et la mise en place d'un véritable programme d'amélioration des conditions de travail, ainsi qu'une augmentation des moyens allouées aux établissements et services. « Applaudis en mars 2020 aux côtés des soignants du secteur public, la majorité des professionnels de nos associations se retrouvent exclus des enveloppes de revalorisations salariales, alors qu'ils jouent un rôle fondamental de soin auprès des publics vulnérables qu'ils accompagnent », déplore le Collectif handicap 69 qui se dit « inquiet de cet abandon et de ce mépris ».
Des occasions manquées
Dans le médico-social, notamment du handicap associatif, le compteur des démissions et de l'absentéisme s'affole, les personnels quittant le navire pour voguer vers le milieu hospitalier ou du grand âge, désormais mieux rémunérés. La faute aux mesures du Ségur de la santé qui ont revalorisé certains secteurs mais pas d'autres (article complet en lien ci-dessous). Par ailleurs, Nexem, principale organisation professionnelle des employeurs du secteur social, médico-social et sanitaire privé à but non lucratif, se dit « stupéfait » que l'avant-projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2022 ne prévoit « aucune revalorisation des professionnels de l'accompagnement ». « Le projet de loi Autonomie, devenu Générations solidaires, aurait pu être l'occasion d'apporter des améliorations pour renforcer l'attractivité des métiers ; nous savons maintenant que celui-ci ne verra pas le jour durant ce quinquennat », déplore à son tour le réseau Uniopss-Uriopss (article en lien ci-dessous). Il ajoute que le tout récent avenant 43 qui prévoit une revalorisation des salaires de 13 à 15 % de « certaines » aides à domicile dès le 1er octobre 2021, et dont « il se réjouit », « risque néanmoins d'accroître les difficultés s'il n'est pas appliqué de façon uniforme sur l'ensemble du territoire » (article en lien ci-dessous).
Les prestataires de santé à domicile dans la boucle
Du côté des prestataires de santé à domicile, même combat -Rappelons qu'ils permettent aux patients de sortir de l'hôpital plus rapidement en leur assurant une prise en charge à leur domicile, « une aspiration forte partagée par les Français », selon la Fédération PSAD. Ainsi, en dix ans, le nombre de patients bénéficiant d'une prestation de santé à domicile a triplé, passant de 800 000 à 2,5 millions. « Pourtant, le budget alloué a été réduit de plus de 30 % », alerte la fédé PSAD, ce qui pourrait mettre en péril les structures où « 4 000 emplois, sur 32 000, sont d'ores et déjà menacés par les mesures en cours ». Avec deux autres fédérations, elle alerte le gouvernement sur cet « acharnement financier » dans une lettre ouverte et lance une pétition citoyenne « Ma santé à domicile, j'y tiens, je la soutiens ». Le 6 octobre, ce sera journée de grève dans la filière, même si elle promet de ne pas « pénaliser les patients » tandis qu'un défilé est organisé à Paris.
Des réponses valorisantes
Face à ce constat critique, des solutions existent. Pour débattre de ces enjeux, IPERIA organise par exemple une rencontre « Le défi de l'identité professionnelle et de la reconnaissance des compétences », le 7 octobre au matin à Paris (également en ligne sur le lien suivant https://website-60833.eventmaker.io ). « Ne pas relever ce défi ensemble serait une terrible erreur », avertit Nexem, qui réclame une rencontre urgente avec le Premier ministre. Quant à la Fondation de l'Armée du Salut, elle souhaite mettre en avant la beauté de ces métiers à l'utilité sociale incontestable, à travers l'opération « Parlons-en », des affiches exposées à partir du 6 octobre devant les établissements accueillant des personnes âgées ou handicapées.