« Ascenseur en panne. » Comme chaque matin depuis plus d'un mois, Antoine Durand tente d'emprunter la ligne B du métro lyonnais pour se rendre sur son lieu de travail... En vain. Ce jeune homme de 32 ans qui se déplace en fauteuil roulant n'a d'autre choix que d'emprunter le tramway. Durée du trajet : 40 minutes au lieu de 15. Sans parler du stress, de la fatigue et de l'incompréhension que cela génère... « On n'est jamais serein, confie-t-il. Quand on est en situation de handicap, on a déjà quelques difficultés à gérer donc une de plus c'est pesant. »
Des ascenseurs à chaque station... mais hors d'usage
« A Lyon, nous avons la chance d'avoir un réseau très adapté, avec des ascenseurs à toutes les stations, admet Antoine, mais à quoi bon s'ils sont hors d'usage ? » Et cela ne semble pas s'améliorer, bien au contraire. « Avant, c'était très rare mais, maintenant, il y a des pannes presque toutes les semaines », déplore-t-il. Trois options s'offrent à lui le cas échéant : retourner à la station précédente, se rendre à la suivante, « mais en fauteuil, cela prend au moins dix minutes », ou emprunter un autre moyen de transport. Des alternatives chronophages qui impactent son moral et son organisation aussi bien sur le plan personnel que professionnel.
« Devoir renoncer à ses déplacements, c'est intolérable »
« Et encore, j'ai la chance de travailler dans une entreprise compréhensive et, par ailleurs, d'avoir un fauteuil électrique qui me permet de me déplacer plus rapidement et sans grand effort. Mais vous imaginez les contraintes pour ceux qui utilisent un fauteuil manuel et doivent faire régulièrement des détours ? », interpelle ce chargé de projet dans l'immobiliser social. « Certaines sont contraintes de renoncer à leur déplacement, ce n'est pas tolérable. » Et les personnes handicapées ne sont pas les seules à en payer le prix. Celles qui ont des bagages imposants, des poussettes ou les personnes âgées sont également impactées.
Une pétition pour un « métro pour tous »
« La mobilité dans les transports publics doit être garantie pour tous, sans exception ! », plaide Antoine. Afin de sensibiliser les élus et Sytral mobilités, l'autorité organisatrice des mobilités des territoires lyonnais, il a lancé en novembre 2024 une pétition en ligne. Mi-décembre, il a récolté 222 signatures, espérant en obtenir « des milliers ». En attendant, il interpelle régulièrement la métropole de Lyon par mail. « Ils ont été très réactifs et sont conscients de la vétusté des équipements. Mais, pour l'instant, peu de propositions concrètes ont été évoquées. »
Un RDV décisif le 6 janvier
Alors, il tente sa chance auprès de Sytral mobilités. Son président assure que 15 ascenseurs de la ligne D seront rénovés d'ici 2026. « C'est super mais les pannes concernent toutes les lignes, donc cela ne résout qu'une partie du problème », insiste le jeune homme. Désormais, Antoine mise tout sur son rendez-vous avec le syndicat le 6 janvier 2025. « C'est l'interlocuteur le plus à même de fournir des réponses, et je compte bien en obtenir ! », assure-t-il.
Renforcer la maintenance et l'information aux usagers
Contrairement aux ascenseurs, son discours est bien huilé. Rappelant que « l'accessibilité est un droit fondamental », il réclame de renforcer la maintenance de ces équipements dans toutes les stations de métro et de raccourcir les délais de réparation, en assurant une intervention rapide pour minimiser l'impact sur les usagers. Autre requête : assurer une transparence totale sur les pannes en cours, avec une communication proactive sur les délais de réparation, afin de pouvoir s'organiser au mieux. « L'application du réseau TCL qui permet de connaître les équipements en panne n'est pas très fiable car insuffisamment mise à jour. Certains sont notés comme défectueux alors qu'ils ne le sont plus et inversement », regrette-t-il.
Antoine exhorte également les élus et les décideurs à être plus attentifs aux besoins des personnes en situation de handicap et de les inclure dans tous les projets liés aux transports, notamment.
D'autres métropoles « en panne »
Malheureusement, ces « galères » ne sont pas l'apanage des lyonnais. Antoine et d'autres usagers à mobilité réduite ont constaté les mêmes problèmes à Paris, sur la ligne 14 par exemple, ou encore à Toulouse, Lille... « Il y a parfois des évolutions, d'autres fois des régressions, tout dépend des périodes », observe Antoine. « L'affluence joue beaucoup ! Plus les équipements sont utilisés, plus vite ils s'usent, souligne-t-il. La pire période, c'est l'hiver. En été ou quand il fait beau, les gens prennent le vélo ou marchent mais, lorsqu'il fait froid ou qu'il pleut, le métro est bondé. » A l'approche des fêtes de Noël, l'un des plus gros « chassés-croisés » de l'année, la situation risque donc de se corser...
© Antoine Durand