C'est une association qui a vu le jour à une époque où la mode adaptée n'était même pas encore une utopie. En 2011, Alice Merle, psychologue de formation, ouvre une réflexion sur les morphologies et l'exclusion de la mode. « Ce n'est pas possible de s'habiller en autonomie quand on a un handicap, constate-t-elle. La personne doit affronter une épreuve et, en plus, le système renforce la difficulté. » C'est à travers ce questionnement que naît Mode Estime. L'association qui a désormais quatorze ans place le handicap au centre de son action sociale par la création de vêtements adaptés et valorisants. Mais pas que.
Une demande croissante de mode inclusive
Implantée à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), l'association œuvre également à Lyon, quartier de La Croix-Rousse (cœur battant, historiquement, de la soierie lyonnaise au XIXe siècle), avec sa retoucherie, et innove pour inclure toutes les morphologies, répondant à une demande croissante de mode inclusive et adaptée. Dans l'atelier dionysien, des salariés éloignés de l'emploi, souvent en situation de handicap, s'inscrivent grâce à Mode Estime en réinsertion professionnelle. Un double engagement social et solidaire : la couture devient ainsi un moteur pour favoriser l'estime de soi mais aussi l'accès à l'emploi, via l'accompagnement personnalisé d'une conseillère en insertion professionnelle (CIP).
Adapter les postes de travail
« Mode Estime m'a permis de garder mon travail de couturière, ici en France, après mon cancer du sein et ma reconnaissance de handicap », indique Marie-Tess, philippine d'origine. De son côté, Laurent n'avait d'autre choix que de se reconvertir, passée la cinquantaine et le diagnostic d'une arthrose ankylosante. Il a choisi la couture et en est ravi. « On est un peu tous dans le même cas et ils arrivent à 'moduler' en fonction de notre état de santé », salue le quinquagénaire, anciennement maître-nageur.
Répondre aux besoins spécifiques
Mode Estime conçoit des pièces pensées dès le patronage pour répondre aux besoins spécifiques : jeans adaptés pour fauteuils, matières extensibles, détails techniques pour faciliter le quotidien tout en conservant style et élégance, loin de la standardisation du prêt-à-porter. Bien que ces produits aient un coût (justifié par la technique et la main d'œuvre française), ceux-ci sont éligibles à des aides à l'achat de vêtements adaptés, en passant par la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH).
© Clotilde Costil
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