GDF11. Et si la fin de la dépression tenait en cinq signes ? En 2013, des chercheurs découvrent que cette protéine, aussi appelée « Growth differentiation factor 11 », fait rajeunir le cœur. Dix ans plus tard, des scientifiques de l'Institut Pasteur, du CNRS et de l'Inserm reconnaissent les effets de jouvence de cette molécule mais, cette fois-ci, sur le cerveau. Un médicament qui a l'avantage d'être en libre-service dans le corps humain et notamment dans le sang !
Testé sur des souris
L'étude, réalisée sur des souris, a été publiée dans la revue Nature Aging le 2 février 2023. Elle montre d'abord que le GDF11 « a un effet bénéfique sur les perceptions olfactives et sur le processus de génération de nouvelles cellules dans le cerveau de souris âgées ». Les scientifiques constatent notamment que son administration sur le long terme améliore les capacités de mémorisation des souris et atténue significativement leurs troubles du comportement liés à un état dépressif. Par quel mécanisme ? C'est ce qu'a cherché à savoir l'équipe de recherche investie sur ce projet. Résultat, elle découvre que l'administration de la protéine GDF11 active la régénération des cellules, via le principe de « l'autophagie » (Lire : Autophagie, se manger soi-même pour rester en bonne santé ? ), qui participe notamment à l'élimination des cellules à l'origine du vieillissement de l'organisme.
Un nouveau modèle thérapeutique ?
Ce qui tend à démontrer que le processus de vieillissement est souvent lié à l'apparition d'états dépressifs, et inversement. Pour confirmer l'hypothèse chez l'humain, l'Institut Pasteur, le CNRS, l'Inserm et l'université McMaster (Canada) ont rassemblé une cohorte de jeunes patients atteints de troubles dépressifs pour évaluer leur taux de GDF11 dans le sang. Sans surprise, ils ont observé qu'il était significativement plus bas et que son niveau variait en fonction des fluctuations de leur état psychique. Le lien entre déficit de GDF11 -en résumé, la protéine du rajeunissement de l'organisme- et la dépression semble donc avéré. « Ce travail apporte des preuves cliniques reliant les niveaux faibles sanguins de GDF11 aux troubles de l'humeur chez des patients atteints de dépression », complète Lida Katsimpardi, co-auteure de l'étude. Prochaine étape ? Utiliser cette molécule comme un biomarqueur efficace dans le cadre d'un diagnostic de dépression. « Elle pourrait également servir de molécule thérapeutique pour le traitement des dysfonctions cognitives et affectives, » poursuit Lida Katsimpardi.