Céline Boussié est une ancienne de l'institut de Moussaron (Gers) qui a défrayé la chronique en 2013 pour maltraitance sur ses résidents handicapés (article en lien ci-dessous). Elle a été l'une des rares à dénoncer ces agissements. Parler, briser l'omerta, c'était osé. Depuis, elle le paye, au centuple. Menaces, chantages, pression, à la fois à titre personnel et professionnel, rien ne lui a été épargné. Le prix à payer pour avoir déstabilisé les « notables » du médico-social ? La dernière en date, c'est une convocation en vue d'une éventuelle mise en examen émanant du tribunal de Grande instance de Toulouse en sa qualité de présidente de l'association Handi'Gnez-Vous !. Convoquée le 14 septembre 2015 à 16 heures pour avoir tenu des propos considérés comme diffamatoires dans deux émissions, sur Europe 1 et LCI, à l'encontre de la maison d'enfants de Moussaron.
Une « lanceuse d'alerte »
Céline a le tort de parler un peu trop, surtout dans les médias. Pourtant, avec son association, elle mène des actions de sensibilisation aux pratiques bien traitantes en cohérence avec les textes de la Haute autorité de santé. Dans le cadre des missions inscrites dans ses statuts, elle a voulu défendre le droit des usagers. « Aujourd'hui, chaque fois qu'on essaie de mener des actions, on nous musèle, s'indigne celle qui se définit comme un « lanceur d'alerte ». Cette dénomination apparue dans les années 90 désigne une personne ou un groupe qui estime avoir découvert des éléments qu'il considère comme menaçants pour l'homme, la société, l'économie ou l'environnement et qui, de manière désintéressée, décide de les porter à la connaissance d'instances officielles, d'associations ou de médias, parfois contre l'avis de sa hiérarchie. Le 29 septembre 2015 aura lieu à Paris, au sein de l'Assemblée nationale, un colloque sur ce statut ayant pour thème « Une loi globale pour la protection des lanceurs d'alerte en France ». Céline Boussié compte bien y aller, « mais quelle marge de manœuvre pour nous, les pros et parents du médico-social, interroge-t-elle ? ».
Un regroupement de soutien le 14 septembre
Selon Céline, cette convocation est « une atteinte grave portée à l'encontre d'une association représentative de parents, familles et professionnels du secteur médico-social ; elle interroge sur la capacité d'agir de n'importe quelle association de défense des droits des usagers en France. » Face à cette situation, elle réclame un soutien collectif en organisant un rassemblement devant le tribunal de Grande instance de Toulouse le 14 septembre 2015 à 15h30. L'association a, par ailleurs, mis en ligne une pétition de soutien, adressée au Président de la République et à la ministre de la Justice (en lien ci-dessous). « Nous soutenir, c'est soutenir tous ceux qui œuvrent pour le respect des droits des personnes vulnérables, conclut Céline. »
Les associations vont-elles s'Handi-Gnez ?
Christel Prado, présidente de l'Unapei (Union nationale pour personnes handicapées mentales) a pris position : « Le Moussaron, vous vous souvenez ? Certains voudraient qu'on oublie et vite. En France, il n'y a pas que Moussaron mais la loi du silence prévaut. Aidons ceux qui osent parler à continuer ce combat ! ». Le Groupe Polyhandicap France a lui aussi fait part de son indignation en déclarant qu'en « visionnant le film de janvier 2014 (révélant la situation au sein de cet institut) les preuves étaient largement suffisantes » et rappelle « que tout acte de maltraitance dans un établissement doit être immédiatement signalé par le personnel aux autorités » (se rapporter à la loi). Le parrain de l'association, Philippe Croizon, s'est dit « Handi'Gné » sur les réseaux sociaux. Bien d'autres s'inquiètent…