La Mutuelle des étudiants (LMDE) (remboursement de frais de santé d'un million d'étudiants), doit trouver une nouvelle solution de financement, après le refus le 24 octobre 2014 de la mutuelle de l'Éducation nationale de la prendre sous son aile.
Une «absence de visibilité»
Réunis en conseil d'administration, les élus de la Mutuelle générale de l'Education nationale (MGEN) ont décidé de « mettre un terme aux conventions de gestion » qui la lient à la LMDE (Mutuelle des étudiants) en raison de « l'absence de visibilité », selon un communiqué publié à l'issue du vote. La MGEN s'engage toutefois à maintenir son partenariat avec la LMDE pour les « prestations complémentaires » liées à la mutuelle. Alors que la LMDE est sous surveillance depuis l'automne 2013, et placée sous administration provisoire depuis juillet, Anne-Marie Cozien qui en a pris les rênes se veut rassurante: "« Des solutions seront trouvées » et « les emplois seront maintenus ».
Claire, 23 ans, atteinte de mucoviscidose
« C'est une vraie galère pour se faire rembourser, pour avoir un suivi du dossier, ou même recevoir les documents », peste Claire Pujol, 23 ans, atteinte d'une mucoviscidose. « Il aura fallu un an et demi pour avoir tous les formulaires avant de pouvoir être soignée en Belgique »et « dix mois environ pour avoir la carte vitale », raconte l'étudiante en musicologie, convaincue que « les mutuelles étudiantes sont inadaptées aux jeunes qui ont des problèmes de santé ». Léna Fournier, 20 ans, elle, a préféré jeter l'éponge. « Je suis malade depuis trois mois et je n'irai pas chez le médecin », témoigne l'étudiante en école de cinéma, qui a accumulé « trop de dettes ». « En un an et demi, je n'ai jamais été remboursée de mes frais », assure-t-elle.
La persistance de graves dysfonctionnements
Dans une étude publiée en septembre 2014, la Fage, deuxième organisation étudiante, et l'UFC-Que choisir déploraient la « persistance de graves dysfonctionnements dans la gestion » des mutuelles étudiantes. Le problème des remboursements de soins figurait en tête des griefs: 65% des 273 étudiants qui avaient répondu à l'enquête pointaient « des difficultés et des retards ». Le président de la Fage, Alexandre Leroy, plaide pour « une seule sécurité sociale » sans « délégation de service ». A cause de cette complexité et des retards de remboursement ou de paiement, « beaucoup d'étudiants renoncent aux soins », estime-t-il. « Qui peut dire aujourd'hui : « Je vais hypothéquer 50 ou 60 euros de mon budget sans savoir quand ma mutuelle va pouvoir me rembourser les frais d'un spécialiste ? », s'interroge Alexandre Leroy.
Victime des plans d'économie du gouvernement ?
Pour le président de l'Unef, William Martinet, « les mutuelles étudiants sont victimes du plan d'économie du gouvernement ». Dans un communiqué, le syndicat étudiant, étroitement lié à la LMDE dont bon nombre des administrateurs sont issus de ses rangs, dénonce une « réduction de 15% des remises de gestion ». La Sécurité sociale des étudiants est déléguée à deux organismes, la LMDE et le réseau de mutuelles régionales EmeVia. Elles remboursent les dépenses de soins d'un peu plus d'1,7 million d'étudiants et ont perçu à ce titre 93 millions d'euros de l'État en 2013.