14 juin 2020. Ninon Forget entre dans le paddock de son cheval pour changer la protection de son postérieur. La jeune cavalière de 17 ans s'accroupit. Et c'est le choc. Un violent coup de sabot la plonge instantanément dans le noir. Si la jeune femme ne perd pas connaissance, elle comprend aussitôt que sa vie ne sera plus jamais la même. Le lendemain, les médecins sont quasi formels : Ninon ne recouvrera probablement jamais la vue. Pourtant, trois mois plus tard, malgré 27 fractures et sept opérations, la jeune femme décide de se remettre en selle. C'est d'ailleurs l'une des premières inquiétudes qu'elle avait partagée avec ses médecins à son réveil d'opération. Sur sa table de chevet d'hôpital, L'impossible est un bon début, le livre autobiographique de Salim Ejnani, cavalier aveugle, achève de la convaincre.
Guidage par la voix
Grâce à une connaissance commune, Ninon parvient à entrer en contact avec celui qui deviendra son mentor, confie-t-elle sur sa page Instagram : « Pour me guider et m'orienter, j'utilise la technique de Salim Ejnaini. Au centre, mon coach me donne des repères tels que : droite, gauche, ligne… Et, à chaque obstacle, une personne crie, 'Là', pour que je puisse anticiper la distance qui me sépare de mon obstacle. Ce n'est pas parfait mais on y travaille ». Celle qui dispose du galop 7, le diplôme le plus élevé en équitation, doit en effet s'armer de patience pour retrouver son niveau antérieur. Mais elle s'accroche et réussit à « ressauter un obstacle, puis deux, puis quatre, puis six ». Un an après sa reprise, Ninon a même retrouvé le chemin de la compétition… avec les valides puisque les épreuves handisport CSO (concours de saut d'obstacles) n'existent pas.
En route pour Paris 2024
C'était sans compter sur le soutien de Roger-Yves Bost, l'un des cavaliers français les plus titrés. Avec lui, Ninon voit désormais plus loin et ajoute une nouvelle corde à son arc : le para-dressage, discipline qui pourrait lui ouvrir les portes des Jeux paralympiques de Paris 2024. « J'ai décidé de me lancer dans ce double projet pour à la fois redécouvrir la discipline qui me fait vibrer depuis toute petite mais aussi pour en découvrir une nouvelle, le para-dressage, avec le rêve de porter un jour les couleurs de la France aux Jeux paralympiques », affirme la sportive. De son côté, Roger-Yves, dit « Bosty », ne quitte pas son « poulain » des yeux et prodigue ses derniers conseils avant son concours de rentrée le 18 septembre 2022 au Haras de la Forêt, en Seine-et-Marne. « Ninon, c'est avant tout une grande cavalière promise à de très belles choses. Elle a vraiment un feeling extraordinaire avec les chevaux et elle m'impressionne par la volonté et la grande détermination dont elle fait preuve », explique-t-il.