Non, schizo n'est pas une offense : une campagne dénonce

Les politiques ont la schizophrénie plein la bouche pour moucher leurs adversaires. Or cette utilisation dévoyée de la maladie mentale impacte négativement les personnes concernées. L'Unafam lance un spot et une campagne pour en Parler autrement.

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« C'est quasiment de la schizophrénie », Eric Zemmour. « Je pense qu'il y a des limites à la schizophrénie politique », Bruno Lemaire. « Parfois les Français sont aussi un peu schizophréniques dans leurs demandes », Aurore Bergé. D'autres déclarations figurent dans un spot zapping (ci-contre).

Un emploi détourné

Dans le langage courant comme dans les discours politiques et médiatiques, le terme « schizophrénie » est trop souvent détourné, de manière systématiquement péjorative. « Avec une parole déconsidérée, voire discréditée, les personnes concernées se trouvent réduites à leur maladie », dénonce l'Unafam (association de personnes avec un handicap psychique). Pour attirer l'attention sur la banalisation de cet terme, souvent réduit à « schizo », elle lance le 10 octobre 2022, une campagne via #ParlonsEnAutrement, en interpellant également les personnalités politiques sur Twitter. Elle met également en ligne une Page dédiée Parlons-en autrement

En parler mais pas comme ça !

Elle exhorte à « parler des schizophrénies et de la santé mentale mais pas comme ça », rappelant, pour interpeller le grand public, qu'une personne sur cinq sera confrontée à un trouble psychique au cours de sa vie... Cet usage inapproprié renforce les préjugés, la stigmatisation et l'isolement des personnes concernées. Au même titre que les troubles bipolaires, la dépression sévère ou les troubles anxieux, ces maladies du cerveau encore mal connues, drainent leur lot de préjugés. Par peur du regard des autres, les patients et leur entourage se taisent, ne faisant qu'attiser leur souffrance. « Qui ose dire à ses amis, sa famille, ses collègues 'J'ai dû être hospitalisé en psychiatrie' », interroge l'Unafam ? 60% des aidants considèrent que la maladie dont souffre leur proche est représentée de façon stigmatisante dans les medias (baromètre Unafam 2022). Conséquences : des difficultés à demander de l'aide, un retard dans le diagnostic et donc les soins. « Pourtant, ces maladies se soignent et une prise en charge précoce en limite les conséquences invalidantes », insiste l'Unafam.

Via cette campagne lancée à l'occasion de la journée mondiale de la santé mentale, l'association entend « rompre le silence » et, ainsi, « permettre aux personnes concernées d'évoquer leurs troubles, leur handicap, de mettre leurs mots sur leurs maux », selon Marie-Jeanne Richard, sa présidente.

L'Arcom en renfort

L'Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, ex CSA) se lance elle aussi dans la bataille. Son comité de rédaction, qui depuis 2020 se penche sur la sémantique autour du handicap pour inciter les medias à dépoussiérer les vieux clichés et utiliser les mots justes (article en lien ci-dessous), a justement décidé en cette rentrée 2022 d'axer sa réflexion sur le dévoiement de termes empruntés au champ lexical du handicap, utilisés au sens figuré, avec une connotation négative, mentionnant également les personnes de petite taille (les « nains ») et celles avec autisme. Un sondage IFOP de 2014 a ainsi montré que 12 % des Français ont déjà utilisé le terme « autiste » comme une insulte afin de se moquer d'un tiers. Ce chiffre s'élève à 29 % au sein de la classe d'âge des 18-24 ans. Les conclusions de ce comité seront prochainement livrées aux rédactions.

De son côté, le CNCPH (Conseil national consultatif des personnes handicapées) a lancé un chantier dédié aux questions sémantiques, sociologiques et éthiques (article en lien ci-dessous). Objectif ? Eclairer des sujets qui font encore débat.

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